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Sidiki Bakaba : "fini le temps ou l’on filmait l’Afrique des cases"
Publié le : dimanche 14 janvier 2007

Pour ce polar, j’ai souhaité donner une autre image de l’Afrique. Une image plus valorisante. C’est fini le temps ou l’on filmait l’Afrique des cases et les autres problèmes dégradant. Je voulais filmer la ville. Mais je trouvais surtout intéressant de réaliser un film d’action avec des personnes handicapées qui sont le plus souvent marginalisées dans nos sociétés.

Sidiki Sidjiri Bakaba est l’un des grands de notre cinéma. Après avoir joué dans plu­sieurs films, il s’est lancé dans la mise en scène avec pour pre­mier long métrage, les GUERISSEURS (1988) qui rem­porte le prix de la meilleure musi­que au Festival du Cinéma Francophone mais aussi un prix au Fespaco de Ouagadougou en 1989. Sidiki Sidjiri Bakaba est l’actuel direc­teur du Palais de la culture d’Abidjan. Sidiki Bakaba a reçu Clap Noir en la per­sonne d’Any Daghau pour parler de son der­nier film, Roues Libres. L’entre­tien.

Comment vous est venue l’idée de faire un polar sur les per­son­nes han­di­ca­pées ?

Pour le polar, j’ai sou­haité donner une autre image de l’Afrique. Une image plus valo­ri­sante. C’est fini le temps ou l’on fil­mait l’Afrique des cases et les autres pro­blè­mes dégra­dant. Je vou­lais filmer la ville. Mais je trou­vais sur­tout inté­res­sant de réa­li­ser un film d’action avec des per­son­nes han­di­ca­pées qui sont le plus sou­vent mar­gi­na­li­sées dans nos socié­tés.

D’où est venue l’idée de "han­di­ca­pés bra­queurs" ?

Ce n’est pas quel­que chose que j’ai conçu de moi-même ! C’est un fait divers qui s’est pro­duit il y-a quel­ques années ici à Abidjan où deux han­di­ca­pés ont pris en otage un chauf­feur de taxi et ont été pour­chas­sés toute la nuit par des poli­ciers qui au départ soup­çon­naient beau­coup plus le chauf­feur que les 2 autres.

On les voit faire preuve d’une grande habi­leté dans le film. On t’ils reçus un entraî­ne­ment par­ti­cu­lier ?

Oh ! Pas vrai­ment ! On a juste répété les scènes du film, c’est tout. Mais vous savez, ce sont des gens très orgueilleux. Ils ne veu­lent pas vrai­ment qu’on les aide à se dépla­cer ou à faire d’autres mou­ve­ments. Vous savez pen­dant les essais, on tra­vaillait au sommet du palais. Et tous mon­taient sans aucune aide. Ici en Afrique on a ten­dance à les pren­dre en pitié. Mais non, ce sont des hommes comme tout le monde. Parmi eux, il y a des bons et des mau­vais comme dans toutes les orga­ni­sa­tions humai­nes. Et c’est ce que je vou­lais démon­trer dans Roues Libres.

Parlons main­te­nant du chauf­feur de taxi. Ses pen­sées en voix off repré­sen­tent t’ils la voix du spec­ta­teur ?

Vu sur cet angle là peut être ! Mais je dirais beau­coup plus qu’elles expri­ment les pen­sées du réa­li­sa­teur. Puisque ce que vous ne savez pas c’est qu’au départ, c’est moi qui devais tenir ce rôle. Mais on s’est rendu compte que c’était un per­son­nage très com­plexe et qu’il aurait fallu le confier à un grand comé­dien comme Adama qui a par­fai­te­ment campé le per­son­nage.

Vous uti­lisé un décor spé­cial dans le film ?

(Rires) vrai­ment spé­cial ! c’est une pro­duc­tion per­son­nelle… Nous avons choisi d’asso­cier plu­sieurs endroits pour donner ce qu vous avez dans le film. De sorte que plu­sieurs per­son­nes vien­nent nous deman­der l’adresse du res­tau­rant et là, nous nous met­tons à rigo­ler.

Vous ajouté à ce film un mythe qui fait des han­di­ca­pés des mys­ti­ques. Quelle est cette his­toire et pour­quoi le com­mis­saire se retrouve lui-même han­di­capé à la fin du film ?

Dans nos cou­tu­mes afri­cai­nes, si nous ne les asso­cions pas à des génies, nous leur attri­buons une force spé­ciale qu’on appelle "namara fanga". Par le fait que le com­mis­saire devienne lui-même han­di­capé à la fin du film et conti­nue à tra­vailler cela montre que ce n’est pas une fin en soi et qu’il faut per­sé­vé­rer à l’image du pré­si­dent Franklin Roosevelt.

Concernant la phase tech­ni­que on se rend compte que vous avez tourné en vidéo numé­ri­que.

C’est exact ! Beaucoup de comé­diens étaient novi­ces et ils se sen­taient beau­coup plus à l’aise devant la caméra numé­ri­que. Et puis on tour­nait la plus part du temps la nuit et le numé­ri­que permet de tour­ner effi­ca­ce­ment en basse lumi­no­sité.

La pre­mière du film était en décem­bre der­nier. Vous pensez que le public ivoi­rien a bien accueilli le film ?

Dans l’ensem­ble oui ! On a reçu les féli­ci­ta­tions d’un peu par­tout au-delà même des fron­tiè­res ivoi­rien­nes. On a également reçu plu­sieurs invi­ta­tion. Le film à d’ailleurs fait partie d’un cycle de télé­film afri­cain pour ARTE. A ce niveau, les échos ont également été favo­ra­bles.

On a entendu parle de quel­ques pro­blè­mes avec Roues Libres au der­nier FESPACO de Ouagadougou ?

Non Roues Libres n’a pas eu de pro­blème. C’est plutôt les orga­ni­sa­teurs qui n’ont pas joué franc jeu. Mais bon….

A quand le pro­chain film de Sidjiri Bakaba ?

En ce moment je me consa­cre plus au théâ­tre avec les repré­sen­ta­tions du palais de la culture. Je fais les mise en scène et je joue avec les élèves de l’Actor studio passez nous voir un jour…

Any Daghau

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