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1er Forum de la Coproduction avec Sophie Salbot et Camille Mouyéke
Publié le : samedi 9 juin 2007
10 porteurs de projets issus des quatre coins de la Francophonie ont bénéficié pendant 2 jours d’expertises dispensées par des professionnels dans les domaines de l’écriture de scénario, de la production, de la diffusion, de la distribution et du marketing. A l’issue de ces rencontres, ils ont participé à un déjeuner de clôture et de contact réunissant tous les participants ainsi que les producteurs présents au FIFF.

Le Bureau de Liaison du Cinéma de l’Espace Francophone (BLCEF) et le festival International du Film Francophone de Namur (FIFF) ont organisés le premier Forum Francophone de la coproduction le 27, 28 et 29 septembre 2004 au Château de Namur.

10 por­teurs de pro­jets issus des quatre coins de la Francophonie ont béné­fi­cié pen­dant 2 jours d’exper­ti­ses dis­pen­sées par des pro­fes­sion­nels dans les domai­nes de l’écriture de scé­na­rio, de la pro­duc­tion, de la dif­fu­sion, de la dis­tri­bu­tion et du mar­ke­ting. A l’issue de ces ren­contres, ils ont par­ti­cipé à un déjeu­ner de clô­ture et de contact réu­nis­sant tous les par­ti­ci­pants ainsi que les pro­duc­teurs pré­sents au FIFF.
Sophie Salbot, pro­duc­trice (ATHENAÏSE), pour " Rêves de pous­siè­res " de Laurent Salgues et Camille Mouyéke, réa­li­sa­teur (ALLISON pro­duc­tion) pour " Les Gens du fleuve ", nous livrent leur impres­sions.

Clap Noir : Quel sont vos pre­miè­res impres­sions ?

Sophie Salbot : c’est un regard exté­rieur qui permet d’avan­cer. Cela me permet de redis­cu­ter avec mon réa­li­sa­teur. C’est-à-dire que j’ai eu d’autres éclairages. Cela confor­tait ou non ce que je pen­sais. Je vais pou­voir retour­ner le voir et cela va me per­met­tre d’aller plus loin dans l’écriture du projet. Au départ, je pen­sais que c’était pour ren­contrer des par­te­nai­res poten­tiels.
C’est bien, c’est inté­res­sant. C’est la pre­mière édition.
Il faut que ça recom­mence l’année pro­chaine. Il faut essayer d’avoir un suivi des pro­jets après ; et ça, c’est tou­jours le plus dur à faire. Quand les gens sont là, ils sont là, cela avance et après, chacun vaque à ses occu­pa­tions et c’est dif­fi­cile. De leur part à eux, cela demande du tra­vail sup­plé­men­taire et c’est pas for­cé­ment évident à mettre en place. Comme ils disaient, la plus belle récom­pense, ça serait que quand les films sont faits, ils soient pro­je­tés à Namur. Quand on voit que les pro­jets abou­tis­sent et don­nent des films, ça encou­rage à conti­nuer dans ce sens là.

Clap Noir : Qu’avez vous tiré comme pre­mier bilan du forum de la copro­duc­tion ?

Camille Mouyéke : Le pre­mier bilan, je pense, c’est d’avoir pour une fois, la pos­si­bi­lité d’avoir autour de soi une palette de spé­cia­lis­tes avec qui on peut cons­truire quel­que chose. Parce que tout sim­ple­ment, il y a un déno­mi­na­teur commun qui est la fran­co­pho­nie : ce bloc que l’on fait entre nous, les fran­co­pho­nes, pour défen­dre la diver­sité cultu­relle ; ça, c’était un atout pour qu’on puisse se com­pren­dre, pour qu’on puisse parler le même lan­gage. Chacun avec ses spé­ci­fi­ci­tés, ses riches­ses, ses acquis et le lan­gage favo­rise ensuite les rela­tions et les pers­pec­ti­ves d’avenir. Donc à ce moment-là, on peut les défi­nir parce qu’on est tous embar­qués dans le même bateau, où à un moment on conju­gue ou pas nos efforts. Et on " dis­pa­raît " à ce moment là face à la machine amé­ri­caine. Voilà c’est ça. C’est posi­tif.

Camille Mouyéke

Clap Noir : Ce pre­mier forum a servi à mettre en commun un lan­gage et à vous munir des outils néces­sai­res entre pro­fes­sion­nels fran­co­pho­nes pour mener à bien vos pro­jets face aux gros­ses machi­nes de pro­duc­tion …

Camille Mouyéke : je pense que ça permet d’abord de se réunir, de se connaî­tre, à connaî­tre ce que l’autre, qui par­tage les mêmes valeurs que moi, est en train de cons­truire dans son coin et com­ment on peut s’asso­cier tous les deux pour faire la même chose. Et le fait que l’on soit deux est une force sup­plé­men­taire qui se met en place. Comme je disais c’est l’union qui fait la force et de mon point de vue c’est d’abord ça.
Ensuite, si on veut se posi­tion­ner vis-à-vis de la machine en face qui fait figure de rou­leau com­pres­seur, ça c’est une autre chose. Le plus impor­tant, c’est que nous, dans notre espace, on s’orga­nise pour pou­voir garder tout sim­ple­ment notre auto­no­mie, notre richesse, notre pos­si­bi­lité de s’expri­mer, de pro­po­ser autre chose. Ce qui est impor­tant, c’est cette iden­tité là, la défense de l’iden­tité fran­co­phone. Ce n’est pas seu­le­ment être en face d’un adver­saire. L’adver­saire est vir­tuel, si vous voulez.
Ce qui compte, c’est : " est-ce que nous avons notre place dans la mon­dia­li­sa­tion ou pas ? " le propos n’est pas de com­bat­tre et abat­tre un adver­saire mais de pou­voir garder une iden­tité et pou­voir pro­po­ser autre chose, de ne pas seu­le­ment consom­mer ou subir l’enva­his­seur.

Clap Noir : Est-ce que l’on aura une chance de voir ces films dont vous avez dis­cuté dans un fes­ti­val ?

Camille Mouyéke : bien sûr. Je pense qu’il y a de fortes chan­ces. Tout sim­ple­ment parce que les 10 pro­jets qui ont été sélec­tion­nés au forum fran­co­phone n’ont pas le même niveau. Donc, il y a des pro­jets qui sont là, qui sont déjà à 2 ou 3 semai­nes de tour­nage. Cela veut dire que les pro­duc­teurs qui étaient pré­sents pour défen­dre ces pro­jets, leurs dos­siers étaient qua­si­ment com­plets ; il y a déjà un budget, un plan de finan­ce­ment…donc for­cé­ment, il y a une chance de voir ces films là. Les autres étaient moins avan­cés et ils sont prêts à abou­tir.

Clap Noir : Cette année, il y a un coup de pro­jec­teur sur le cinéma maro­cain, que pensez-vous de cette sélec­tion et de ce cru ?

Camille Mouyéke : je pense qu’il y a une raison à ça. Je pense que si aujourd’hui, le cinéma du Maghreb a une force c’est qu’il faut quand même savoir une chose : dans un monde, je parle du monde du cinéma, où les méca­nis­mes de finan­ce­ment dis­pa­rais­sent les uns après les autres, il est impor­tant que les états eux-mêmes met­tent en place des dis­po­si­tifs qui per­met­tent que les pro­duc­tions loca­les conti­nuent de vivre et que les films exis­tent. Donc, le Maghreb, lui, est suf­fi­sam­ment en avance par rap­port à l’Afrique Subsaharienne, d’où je viens, tout à fait le sud. Ces pays de l’Afrique Subsaharienne n’ont pas encore com­pris qu’en misant dans la culture, on mise aussi dans le tou­risme, dans l’arti­sa­nat, on mise tout sim­ple­ment dans le déve­lop­pe­ment économique d’une nation, ils n’ont pas com­pris ça. Les maro­cains, les algé­riens, les tuni­siens, eux, ont des fonds qui aident à ce que les films se fas­sent. Si ces films sont faits, ils sont vus à Namur et ces films devien­nent des ambas­sa­deurs de ces nations-là. Nous, au sud du Sahara, on doit com­pren­dre que le cinéma n’est pas tout sim­ple­ment un luxe ni un diver­tis­se­ment, c’est une contri­bu­tion à part entière dans le déve­lop­pe­ment d’un pays en voie de déve­lop­pe­ment.

Propos recueillis
par Benoît Tiprez

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