Elle est jeune, belle et talentueuse. Vous avez été nombreux à découvrir en 2001 ses premiers pas au cinéma dans le rôle de "Fatou" dans Fatou la Malienne de Daniel Vigne. Aujourd’hui Fatou enchaîne les tournages les uns après les autres et son talent ne cesse de se confirmer. Mademoiselle Fatou N’Diaye a bien voulu répondre le temps d’un café à quelques-unes de mes questions pour le plus grand plaisir des internautes de Clap noir.
Zoom sur une jeune actrice prometteuse qui n’a pas sa langue dans la poche et dont on n’a pas encore fini d’entendre parler.
MEIJI U TUM’SI : En règle générale te reconnais tu dans tes films ? Est-ce que l’image que tu vois à l’écran ressemble à celle que tu t’en fais pendant le tournage ?
Fatou N’diaye : Il y a très souvent un décalage entre le moment de l’action et ce qui reste de l’action qui est collée à l’image. Moi je pense que c’est impossible d’être quelqu’un d’autre même s’il y a toujours quelque chose qui reste de soi. Parce que la matière première c’est soi même. On ne peut pas complètement disparaître. On peut changer mais pas disparaître donc je dois être quelque part là dans.
Quel est le film dont tu es la plus fière ?
Non, il faut me demander ça dans vingt ans.
J’insiste parce que malgré ton jeune âge, tu as déjà un beau parcours derrière toi.
Honnêtement je ne sais pas. Tous m’ont apporté quelque chose. Le premier, FATOU LA MALIENNE, l’histoire a été très forte parce que j’ai rencontré de très belles personnes dans l’équipe de tournage des comédiens aux techniciens. Et c’était drôle, en deux mois j’ai appris énormément et je me suis vraiment amusée. Je me suis moins amusée après le tournage quand le film est sorti mais c’est resté une expérience très épanouissante.
Puis je te demander ce qui t’a le moins amusé après ce tournage ?
Ce qui m’a le moins plu c’est qu’avant je n’avais pas envisagé le métier de comédienne. Je l’ai envisagé au moment où on m’a proposé un projet qui me semblait plus qu’intéressant puisque j’ai dit oui. Ce qui m’a semblé vraiment bizarre c’est que même si le projet était très investi de quelque chose à dire, moi je le prenais comme une fiction. Il y avait une histoire à raconter c’était un reflet de quelque chose quelque part et de quelques gens. Ce n’était pas un documentaire ! Moi je ne l’ai jamais vu comme ça ni au moment de la lecture ni au résultat fini. J’ai tenu un moment, après c’est pas un métier d’être FATOU LA MALIENNE. Mon métier c’est comédienne c’est pas FATOU LA MALIENNE. C’est quand même important. Ce qui m’a sidéré c’est d’avoir à me justifier.
Comment as tu vécu le succès ?
Je ne l’ai pas mal vécu et je ne l’ai pas bien vécu non plus. Parce que pour moi c’est une notion complètement abstraite qui ne veut pas dire grand chose. Ce qui veut dire quelque chose c’est de travailler avec les gens avec lesquels on a envie de travailler. Etre porté sur des projets sur lesquels on est emballé après ce qu’il y a autour c’est quelque chose que je n’arrive pas à comprendre parce que le principe même du succès c’est qu’il ne tient à rien.
Quelles ont été tes impressions après avoir tourné en Afrique pour la première fois avec le cinéaste FLORA GOMES dans NHA FALA ?
J’ai retrouvé ma température interne la plus confortable. J’étais à la maison. Un moment je me suis dit que j’allais peut-être me sentir un peu dépaysée mais au contraire pas du tout c’est quand je suis rentrée à paris que je me suis sentie vraiment dépaysée. Pour moi il n’y a eu aucune barrière même pas de la langue parce qu’il parlait créole -portugais que j’avais appris avant de partir pendant un mois et demi avec quelqu’un.
En tant qu’actrice, quel est ton rapport avec la nudité dans le cinéma ?
Pour moi s’il n’y a pas une cohérence par rapport à une histoire, une rencontre avec les personnages, une rencontre avec le réalisateur. S’il n’y a pas une cohérence assez forte dans ces trois piliers pour qu’il y ait de la nudité …l’histoire peut ne jamais se faire. Ce n’est pas une question de pudeur parce que je viens du mannequinât même dans le mannequinât j’estimais que si c’était nu et que c’était purement gratuit et c’était juste pour faire plaisir aux gens qui regardent en général je disais non s’il n’y a pas lieu qu’il y ait une scène de nu. C’est d’abord une rencontre avec un réalisateur, une histoire et des personnages s’il y a une cohérence dans tout ça, ça peut fonctionner parce que c’est de moi qu’il s’agit. Effectivement s’il n’y a pas de cohérence, j’ai du mal avec la nudité et ça peut aller jusqu’à la guerre. Et comme je n’ai pas envie d’aller jusqu’à la guerre, en général je suis très claire.
As tu une manière particulière de préparer tes personnages ?
Je fais comme à l’école, je prends mon livre de leçon en l’occurrence mon scénario, je le mets sous mon oreiller et j’attends que ça rentre. J’essaye de comprendre le personnage et de discuter avec et de voir si on a des affinités et s’il y a une rencontre qui se fait jusqu’à ce qu’on devienne presque un. Je ne suis pas forcément pour cette méthode qui consiste à devenir complètement le personnage. Il s’agit de comprendre son personnage et de vivre avec pendant un moment parce qu’il y a un parcours à avoir avec, le plus longtemps possible sans pour autant trop s’attacher pour pouvoir le quitter sans trop de difficulté. C’est très dur de quitter un personnage parce qu’un personnage c’est aussi l’histoire d’un tournage, de plusieurs rencontres ; c’est une grande histoire avec plein d’histoires à l’intérieur. Quitter un personnage c’est aussi dire au revoir et j’ai beaucoup de mal à dire au revoir.
Moi je dis ça par rapport au métier de comédien. C’est qu’on vit quelque chose de très fort pendant un moment de soi à soi et des autres à soi. Il y a quelque chose de très fort qui se construit finalement on est juste des nomades. On construit des palais immenses et puis quand c’est fini on souffle dessus et puis il faut construire une autre maison un plus loin mais pas sur le même endroit c’est pas possible.
Je tiens à signaler à tous nos internautes que vous pourrez prochainement découvrir un nouveau "palais immense" de FATOU en 2005 dans vos écrans dans SOULI, le dernier film de ALEXANDER ABELA où elle confirme une fois de plus son talent aux côtés de MAKENA DIOP, AURELIEN RECOING, et de JEANNE ANTEBI.
Propos recueillis par MEIJI U TUM’SI
le 26 novembre 2004 à Paris
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