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Nigeria : Un géant de la production vidéo africaine
Publié le : mercredi 3 janvier 2007

La production vidéo nigériane est l’une des plus importante de l’Afrique de l’Ouest et même de toute l’Afrique. En effet, annuellement, quelques 700 films officiellement répertorier sont mis à la disposition du public nigérian, mais aussi ceux de la sous-région Ouest-africaine et même de la diaspora noire américaine.

Nous sommes à Niamey, capi­tale du Niger. En cet après-midi du diman­che, la ville semble se vider. Les jeunes et aussi les adul­tes ne veu­lent en aucun cas rater les épisodes de la série " Dan Dali Soyeya ". Sur les écrans de la télé­vi­sion, une his­toire d’amour inter­dit entre deux jeunes. Tous les ingré­dients qui font la réus­site des séries télé­vi­sées. Amour, haine, sus­pens, chan­sons. Et la cerise sur le gâteau, la série est en haussa, une langue que le Niger par­tage avec le Nigeria.

Partageant plus de 1000 km de fron­tière avec le Nigeria, le Niger est inondé de pro­duc­tion vidéo venant de ce grand pays. Film amé­ri­cain, film chi­nois, quel­ques rares films afri­cains, et beau­coup de films nigé­rians.

Le cinéma au Nigeria.
Un regard sur le " guide du cinéma afri­cain ", guide qui recense les films réa­li­sés entre 1989 et 1999, le Nigeria n’a pro­duit qu’un seul long métrage en 1992, " Kulba na barna " de Brendan Shehu, Fiction 35 mm, 2 courts métra­ges, " Love love liebe " de Branwen Okpako, tourné en 1999 et " On the edge " de Newton I. Aduaka, réa­lisé en 1997. Au regard de ces don­nées chif­frées, l’on peut se deman­der s’il existe réel­le­ment un cinéma au Nigeria.

Le passé ciné­ma­to­gra­phi­que du Nigeria était assez riche. Les débuts de la pro­duc­tion ciné­ma­to­gra­phi­que remonte aux années 1936-1940 où M. OBE fai­sait des films muets pour le dépar­te­ment de la Santé.

L’indus­trie ciné­ma­to­gra­phi­que démarra réel­le­ment au début des années 70. Les dix pro­chai­nes années ver­ront la pro­duc­tion de plu­sieurs longs métra­ges. La pro­duc­tion du pays marque ses pas et met en évidence deux axes. La pro­duc­tion en langue anglaise, et la pro­duc­tion en langue locale (Ibo, Yorouba, Haussa).
Cette période a enre­gis­tré des films de bonne qua­lité. Nous pou­vons citer, Kongi’s har­vest de Ossie Davies, Bullfrog in the sun, de Jason Poland, Alpha d’Ola Balogun, Amadi d’Ola Balogun, Dinner with the devil de Sanya Dosunmu, The rise and fall of Dr Oyenusi d’Eddie Ugbomah, cry free­dom d’Ola Balogun, etc.

De 1970 à 1983 quel­ques 36 films ont été pro­duit dans le pays. Cela va du sup­port 35 mm au sup­port 16 mm, et les thèmes sont variés.

L’avè­ne­ment de la vidéo.
Vers la fin des années 80, les moyens finan­ciers fai­sant défaut, la situa­tion poli­ti­que aidant, la pro­duc­tion ciné­ma­to­gra­phi­que com­mence à connaî­tre des moments dif­fi­ci­les.

Cette période est aussi celle de l’avè­ne­ment du petit écran. En 1984, la télé­vi­sion nigé­riane compte 24 sta­tions, et est ali­menté par des séries amé­ri­cai­nes et anglai­ses. Vu le manque de pro­duc­tion ciné­ma­to­gra­phi­que, et pour four­nir au marché nigé­rian des films, des pro­duc­teurs se sont lancés dans la pro­duc­tion en pre­nant pour sup­port la vidéo. C’est le phé­no­mène de la home vidéo.

La pro­duc­tion vidéo nigé­riane est l’une des plus impor­tante de l’Afrique de l’Ouest et même de toute l’Afrique. En effet, annuel­le­ment, quel­ques 700 films offi­ciel­le­ment réper­to­rier sont mis à la dis­po­si­tion du public nigé­rian, mais aussi ceux de la sous-région Ouest-afri­caine et même de la dia­spora noire amé­ri­caine.

Pour donner des chif­fres, notons que le chif­fre d’affai­res que permet la home vidéo est estimé à 64 mil­lions d’euros, 150 000 copies sont ven­dues en moyenne par film, et cette indus­trie fait tra­vailler plus de 4000 per­son­nes.

L’indus­trie de la home vidéo est très bien orga­nisé. Cette indus­trie est géré par les mar­ke­ters. Puis vien­nent les réa­li­sa­teurs, les acteurs, toute la chaîne des tech­ni­ciens, ceux qui ont en charge la mul­ti­pli­ca­tion des cas­set­tes, avec ce que cela demande comme fabri­ca­tion de jaquette. Enfin, vient le cir­cuit de la dis­tri­bu­tion, cir­cuit tou­jours maî­trisé par les fameux mar­ke­ters.

Le marché de la vidéo nigé­riane est peu connu, car ce marché se suffit à lui-même. Mais, l’une des fai­bles­ses de ces films reste la qua­lité. Qualité tech­ni­que, qua­lité artis­ti­que. Probablement qu’avec la dif­fu­sion à l’exté­rieur que se fait de plus en plus, ces quel­ques lacu­nes que nous connais­sons fini­ront par dis­pa­raî­tre pour lais­ser la place à une vidéo de qua­lité.

Candide Etienne
06 mai 2003

Bibliographie
- Le cinéma au Nigeria. Françoise Balogun.
Collection CINEMEDIA. Editions OCIC/L’HARMATAN
- Dossier : Home vidéo, caméra obs­cura. Michel Montfort
In le Film afri­cain et le Film du Sud. N° 39-40. Mai 2002.

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