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L’Afrique peine à trouver sa place dans le cinéma mondial
Publié le : jeudi 4 janvier 2007

"L’Amérique d’Hollywood gagne de l’argent, l’Inde de Bollywood gagne de l’argent, pourquoi n’y arrivons-nous pas, en Afrique ?" Pour tenter de répondre à cette question, Robert Kofi Nyantakyi, patron de la principale société de production de films du Ghana, Gama Film Company, a fait le voyage de la Croisette pour le 56ème Festival de Cannes.

CANNES (AFP) - "Nous avons beau­coup d’his­toi­res à raconter", assure M. Nyantakyi, dont le pays est un des pion­niers du cinéma en Afrique de l’ouest.

Mais quel genre de film gagne­rait de l’argent ? Cette année, "God is African" ("Dieu est afri­cain"), un film sud-afri­cain à petit budget, a fait salle comble durant 16 jours et a rap­porté de l’argent.

"Heremakono", un film mau­ri­ta­nien poé­ti­que, chro­ni­que des espoirs des habi­tants d’un vil­lage, a été primé au Fespaco, le fes­ti­val pan-afri­cain de Bamako, mais il n’a pas trouvé de public.

Son réa­li­sa­teur, le Mauritanien Abderrahmane Sissako, pré­side le jury can­nois de la sélec­tion "Un cer­tain regard", où sont pré­sen­tés 19 films.

D’autres réa­li­sa­teurs sont à Cannes, dont Souleymane Cisse et Cheikh Omar Sissoko, minis­tre de la Culture du Mali, mais un seul film afri­cain y est pré­senté, dans la sélec­tion "off" de la Quinzaine des réa­li­sa­teurs : "Le silence de la forêt", une copro­duc­tion entre le Cameroun, la République cen­tra­fri­caine et le Gabon, signée Didier Ouénangaré et Bassek ba Khbobio.

"La seule solu­tion, c’est de nous regrou­per comme le font les Europoéens et de créer une indus­trie du film pour l’Afrique", affirme Cheikh Omar Sissoko à l’AFP.

"Ce que nous pré­co­ni­sons, c’est l’ins­tau­ra­tion de copro­duc­tion entre les pays afri­cains eux-mêmes", expli­que dans un entre­tien avec l’AFP Eddie Mbalo, res­pon­sa­ble de la National Film and Video Foundation d’Afrique du sud, la seule ins­ti­tu­tion suda­fri­caine du sec­teur sou­tenu par l’Etat.

"Pour nous, le cinéma est autant un outil de déve­lop­pe­ment économique qu’un art", insiste-t-il. "C’est impor­tant pour l’image de l’Afrique, pour notre propre image, pour la démo­cra­tie", ajoute-t-il.

Mais la réa­lité a la vie dure. En 2001, l’Afrique du sud, malgré sa puis­sance économique, n’a pro­duit que 5 films —dont aucun n’a été tiré en 35 mm— qui ont péni­ble­ment atteint 1% des 24,7 mil­lions de billets vendus. En outre, le pays a de nom­breu­ses salles de cinéma dans les quar­tiers blancs, mais presqu’aucun dans les town­ships, où toute l’infra­struc­ture est à cons­truire.

Selon M. Mbalo, la situa­tion s’est un peu amé­lio­rée cette année, puis­que 7 films sud-afri­cains ont été pro­duits, et, plus impor­tant, tous l’ont été grâce à des par­te­na­riats 40/60 entre le sec­teur privé et public du pays. La pro­duc­tion vidéo a elle aussi sen­si­ble­ment aug­menté, selon lui.

"Nous vou­lons faire de l’Afrique du sud un pays de pro­duc­tion ciné­ma­to­gra­phi­que", a-t-il expli­qué. "Notre tra­vail com­mence à payer. Maintenant, nous devons accroî­tre le public noir".

Au Ghana, la société de M. Nyantakyi a pro­duit 8 films cette année et en a 6 en projet. "Maintenant, nous essayons de nouer des allian­ces et de tra­ver­ser les fron­tiè­res", expli­que-t-il.

Les mul­ti­ples lan­gues loca­les sur le conti­nent impo­sent un sous-titrage des films en fran­çais et en anglais, et le gou­ver­ne­ment fran­çais four­nit un appui tech­ni­que en la matière, a-t-il indi­qué.

"Cela élargit consi­dé­ra­ble­ment le marché. La seule solu­tion pour qu’un film soit ren­ta­ble c’est qu’il soit vendu hors de ses fron­tiè­res d’ori­gine", dit-il, sou­li­gnant qu’il exis­tait aux Etats-Unis et en Europe une impor­tante dia­spora afri­caine.

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