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L’Afrique à Marseille !
Publié le : jeudi 4 janvier 2007

Isabelle Boni-Claverie, jeune réalisatrice Franco-Ivoirienne, vient de tourner à Marseille son second court-métrage de fiction, « pour la nuit » d’une durée de 30 minutes. Le film raconte la rencontre, une nuit, entre une jeune femme métisse qui vient enterrer sa mère ivoirienne à Marseille et un jeune homme qui, lui, enterre sa vie de garçon.

Quelle est l’his­toire du film et pour­quoi Marseille ?

Le film devait se passer à Abidjan et n’a pas pu être tourné, guerre civile et couvre-feu obli­gent. Les condi­tions de sécu­rité étaient insuf­fi­san­tes pour tour­ner. L’his­toire a donc été adap­tée pour Marseille, où je me suis ins­tal­lée récem­ment. Du coup, le scé­na­rio a évolué vers un contexte et des décors dif­fé­rents. Le jeune homme n’est plus Ivoirien, c’est un Méditerranéen. Mais sur le fond, cela ne change rien à l’his­toire.

Que reste-t-il d’afri­cain dans le récit de « pour la nuit » ?

La dimen­sion ivoi­rienne est posée dans le film. Dans la mesure où les don­nées ivoi­rien­nes ne vont plus de soi, elles doi­vent être ins­cri­tes dans l’his­toire. Il existe notam­ment un per­son­nage de femme Ivoirienne (inter­pré­tée par Martine Kohou, la mère de la comé­dienne Mata Gabin), qui se rend à la veillée de la morte. Ce côté res­sort davan­tage dans un contexte fran­çais. Il y a une scène qui marque cela très visuel­le­ment. C’est la scène de la veille funé­raire. Tout le monde est blanc et veille un corps noir. Et puis, l’amie Ivoirienne arrive. Quand Martine Kohou se met à parler en Baoulé à la morte, une grande émotion émerge. Nous l’avons for­te­ment res­senti sur le tour­nage.

Est-ce per­ti­nent d’être qua­li­fiée de réa­li­sa­trice afri­caine à tra­vers ce film ?

Oui. Je suis bi-cultu­relle. Cela me va tout à fait d’être consi­dé­rée comme réa­li­sa­trice afri­caine, si ce terme là n’exclut pas ma part d’ailleurs.

L’héroïne du film est métisse. Est-ce un film sur le métis­sage ?

Ce n’est pas vrai­ment un film sur le métis­sage. C’est un film sur le lien filial. Et il est vrai que la mère de l’héroïne est afri­caine. Mais ce qui m’a sur­tout inté­res­sée, c’est de mon­trer un moment de deuil, ou plus pré­ci­sé­ment, mon­trer ce moment char­nière où on quitte le monde de l’enfance pour passer à autre chose (c’est la mort de la mère pour mon héroïne, c’est le mariage pour mon per­son­nage mas­cu­lin).
Le métis­sage fait partie du film. Il y a un malaise per­cep­ti­ble par rap­port à la mort de la mère. Le père l’évoque dans une des scènes. La pro­blé­ma­ti­que du métis­sage est donc esquis­sée, même si l’iden­tité cultu­relle n’est pas for­cé­ment le fil conduc­teur du film.

Le film a été aidé par le CNC, c’est un tour­nage « lourd », il a réuni une équipe de trente cinq per­son­nes. Pourquoi ne pas avoir fait direc­te­ment un long métrage ?

J’ai pu me rendre compte en fai­sant ce moyen métrage que faire un long, c’est une grande aven­ture. Donc, c’est bien d’être armée.

Propos recueillis par Caroline Pochon

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