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Oumarou Ganda : un symbole du cinéma africain
Publié le : jeudi 18 mars 2004

Oumarou Ganda est né en 1935 à Niamey. C’est dans la capi­tale du Niger qu’il effec­tue ses études pri­mai­res avant de s’enga­ger à 17 ans dans le corps expé­di­tion­naire fran­çais comme tirailleurs. Il est envoyé en Indochine où il passe deux ans. De retour au pays, il s’aper­çoit que la vie n’est pas facile même pour un ancien com­bat­tant qui ne trouve pas de tra­vail. Il émigre en Côte d’Ivoire. Entre autres petits bou­lots, il aura exercé comme Sembène Ousmane, le métier de docker au port d’Abidjan. C’est là qu’il ren­contre Jean Rouch. L’eth­no­lo­gue qui s’inté­resse à la com­mu­nauté nigé­rienne de la Côte d’Ivoire envi­sage une enquête sur l’émigration. Il engage Ganda comme enquê­teur sta­tis­ti­cien. Puis, ils en vien­nent au cinéma. Celui qui allait deve­nir un sym­bole du cinéma afri­cain entre donc dans le sep­tième art en jouant d’abord "un petit rôle" dans Zazouman de Treichville en 1957, puis le prin­ci­pal rôle dans Moi un Noir.

A tra­vers ces deux films qui sont réa­li­sés par Jean Rouch, Ganda contracte le virus du cinéma. Quelques années plus tard, Jean Rouch lui sug­gère de ren­trer au pays. Il pour­rait rejoin­dre une équipe de tech­ni­ciens qui allaient entre­pren­dre des pro­jets qui allaient cer­tai­ne­ment l’inté­rêt. Dès son retour à Niamey, "Moi un Noir" est engagé comme assis­tant tech­ni­cien au Centre cultu­rel franco-nigé­rien

Il y trouve dans le club Culture et Cinéma, des tech­ni­ciens qui dis­pen­saient une for­ma­tion aux jeunes vou­lant embras­ser les métiers du cinéma : réa­li­sa­tion, caméra et son. Ganda avait pour com­pa­gnons Inoussa Ousséini, Hamidou Moussa et bien d’autres. Plusieurs films éducatifs ont été ainsi réa­li­sés. C’est dans ce cadre qu’est lancé un concours de scé­na­rio en 1968. Le jeune vété­ran avait une his­toire qui lui tenait à cœur, ainsi fut écrit la script de son pre­mier film.

Cabascabo (1968, 45mn, noir et blanc) avec Zalika Souley, Oumarou Ganda.
Film auto­bio­gra­phi­que qui tente de recons­ti­tué l’his­toire du ser­vice de l’auteur dans le corps expé­di­tion­naire fran­çais en Indochine. L’anec­dote est celle d’une jeune soldat qui voit ses com­pa­gnons tomber sur les champs d’hon­neur pour une cause à laquelle ils se sen­tent com­plè­te­ment étranger. De retour chez lui, il pourra accé­der au emplois réser­vés parce qu’il aura manqué de se mettre au garde à vous devant un ser­gent.

Arrivé à Paris pour le mon­tage de son pre­mier film, Oumarou Ganda se trouve pris dans les embou­teilla­ges de mai 68. Avec beau­coup de chance, il réus­sit à faire une pre­mière dans la capi­tale fran­çaise. Sélectionné au Festival de cannes en 1965 pour la semaine de la cri­ti­que inter­na­tio­nale, deux mois plus tard, il obtient le Prix spé­cial du jury au sixième fes­ti­val de Moscou puis à Malaga (Espagne) le Prix de la cri­ti­que inter­na­tio­nale et celui de la fédé­ra­tion espa­gnole des ciné-clubs (1969), à Carthage une men­tion spé­ciale.

Le Wazzou (1970, 50 mn, 16mm, cou­leur), la deuxième fic­tion d’Oumarou traite de poly­ga­mie, mariage forcé et ven­geance d’une co-épouse qui se trompe de cible. Peinture des tra­vers de la société nigé­rienne en par­ti­cu­lier, mais de manière géné­rale de la société afri­caine, ce film se montre par­ti­cu­liè­re­ment cri­ti­que envers ceux qui détien­nent un cer­tain pou­voir. Entre les diver­ses récom­pen­ses, il aura reçu le Grand Prix du Fespaco en 1972.

Saïtane (1972,64mn, cou­leur) se situe sous l’angle de la cri­ti­que sociale. Dans un petit vil­lage, un mara­bout sert d’entre­met­teur, plutôt de faci­li­ta­teur, entre une femme adul­tère et un amant bien entendu for­tuné. Les inter­prè­tes : Oumarou Ganda, Moussa Alzouma, Damouré Zika, Amadou Saley, Zalika Souley, Insa Garba. Image : Jean-Pierre Leroux ; son : Moussa Hamidou. Montage : Danièle Tessier.

L’Exilé (1990, 90 mn, 16mm, cou­leur) se pré­sente comme une anec­dote sur la parole donnée. Le film s’ins­pire d’un conte afri­cain. Le conte comme source d’ins­pi­ra­tion, tant au plan de l’anec­dote que de la nar­ra­tion ciné­ma­to­gra­phi­que, reste un des aspects qu’Oumarou Ganda a remar­qua­ble­ment intro­duit dans le cinéma afri­cain. Il a par ailleurs fait décou­vrir sur le plan inter­na­tio­nal le cinéma de l’Afrique noire. Oumarou Ganda a signé plu­sieurs films docu­men­tai­res. Il décède un après avoir réa­lisé l’Exilé.

Jibril Hassan
16 février 2004

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