Le plus grand festival africain fête ses 20 ans d’existence. A sa tête, un nouveau délégué général Michel Ouédraogo, souhaitant insuffler un nouvel élan par des innovations et un programme ambitieux nommé Vision 21. « Je veux que les étoiles brillent », « il faut que le Fespaco soit un festival véritablement africain … » a-t-il déclaré lors de la conférence de presse donnée à Paris le 28 janvier dernier.
Le ton est donné ; le Fespaco doit être une institution forte, militant quotidiennement pour la visibilité des cinémas sur le continent. Vaste programme quand on voit que même les œuvres primées au Fespaco ne circulent pas dans les salles africaines. L’idée d’un Fespaco au quotidien est bonne mais de quels moyens dispose t-on ? Aides financières en berne, disparition du Plan Image d’Afrique, désengagement de l’Etat, la solution est locale et politique.
Pour cette 21eme édition, 2 millions d’euros sont nécessaires pour réussir ce nouveau départ et faire de ce festival un évènement professionnel à dimension internationale, gage de qualité. Souhaitons que nous tous, rédacteurs et professionnels de la communication puissent enfin avoir les moyens de travailler et remplir notre mission d’information sur la toile !
G. à D. Ardiouma Soma, Michel Ouédraogo, Mahamoudou Ouédraogo, Apollinaire Baghnyan
Questions salle à Ouédraogo
Morceaux choisis
A propos des problèmes de diffusion des films sur le continent face à la fermeture des salles de cinéma ?
Nous africains, nous sommes les 1er responsables de la fermeture des salles en Afrique. On a voulu se cacher comme on sait si bien le faire, derrière la télé, la vidéo, les cassettes, les dvd piratés. Ils n’en circulent pas plus en Afrique qu’en Europe !
Je ne vois pas la salle de cinéma comme un lieu unique de projection d’un film. C’est aussi une salle où on éduque. Fermer une salle de cinéma c’est comme assassiner sa propre culture, c’est assassiner le cinéma africain. Les états doivent construire des salles de cinéma. Jusqu’à présent, je pense que la politique des états n’était pas à la hauteur. Il faut que l’état s’engage aux cotés d’institutions locales et trouve des partenariats privés.
Que faut il faire pour que les films primés soient visibles en Afrique ?
Nous voudrions organiser des tournées pour les étalons, en Afrique, en Europe et aux USA.
Si nous devons faire la promotion de notre cinéma dans le monde, de quels moyens disposons nous ? Il faut que nous prenions nos responsabilités. Il faut le faire nous-mêmes. Nous n’avons pas de soutien de l’Union Africaine mais nous en avons de l’Union Européenne. Il y a quelque chose qui ne va pas. C’est une réflexion globale qu’il faut mener.
Alain Sembene
A propos des autres Festivals sur le continent africain, notamment celui de Dakar.
Peuvent-ils faire de l’ombre au Fespaco ?
Une sagesse dit que le chasseur d’éléphants ne perd pas son temps sur son chemin à tirer sur les oiseaux ; le Fespaco a une vision nationale et continentale.
Les principales innovations ?
Nous avons voulu associer pour ce Fespaco le cinéma, la musique le théâtre et la danse. Nous avons voulu créer une place forte, pour que les gens puissent se retrouver que l’on a baptisé les nuits musicales du Fespaco. Tous les soirs, il y aura toutes formes de cultures et des guest stars de minuit à 3h00 du matin.
Sur le plan professionnel, il y aura le prix de la meilleure affiche de film.
Il y aura 2 cérémonies d’ouverture ; la 1ere se déroulant au stade du 4 août qui est la cérémonie officielle pour tout le monde, c’est la visibilité de l’évènement. La seconde cérémonie pour les professionnels sera la cérémonie de lancement officiel de la compétition, Elle aura lieu au ciné Burkina avec tapis rouge, nous allons faire briller les étoiles africaines qui seront les réalisateurs africains en compétition. Pour la cérémonie de clôture même scénario, il y aura une cérémonie officielle au stade du 4 août et une cérémonie pour les professionnels en célébrant les prix, le dimanche.
Comment le Fespaco intègre t’il la nouvelle cinématographie incarnée par la jeunesse africaine sortie des écoles ?
En ce qui concerne la formation, nous innoverons en 2011 en créant le prix des écoles. Ce prix sera décerné parmi les productions des écoles en Afrique. Le cinéma africain a besoin de formation mais surtout de promotion dans la production. Aujourd’hui, se lancer dans le cinéma est suicidaire. Les gens qui sortent des écoles n’ont pas les moyens de produire des films même après de brillantes études. Donc c’est bien de faire de la formation mais il faut soutenir d’avantage la production. Et pour nous, il faut soutenir les réalisateurs africains qui sont là, maintenant, plutôt que d’attendre les jeunes réalisateurs qui vont sortir. Il faut commencer par les anciens.
Est-ce que vous avez des nouvelles de la FEPACI, de la Guilde ?
La FEPACI est avant tout l’affaire des cinéastes africains. C’est dommage qu’ils se soient manifestés à un mois du Festival ; mais chacun ses responsabilités. A eux de donner vie au quotidien à leur structure. Si ils ont besoin de nous, nous le ferons. Nous allons les assister au Fespaco comme on a l’habitude de le faire mais nous n’allons pas prendre de décisions à leur place. Pour la Guilde, nous sommes dans le même cas de figure.
Propos recueillis par B. Tiprez
Clap Noir
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