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Autopsie d’une succession
Publié le : samedi 12 septembre 2009

Lumière d’Afrique : Autopsie d’une succession de Luc Abaki et Augustin Talakaena







Que s’est-il passé au Togo, le 5 février 2005, date de la mort subite du Président Eyadema ? Ce jour là et dans les semai­nes et les mois qui ont suivi ? Par quel chemin est passée ce qui, aujourd’hui, est appelé une démo­cra­tie ? Le réa­li­sa­teur l’a suivi de l’inté­rieur et jour après jour, l’his­toire en train de se faire. Le fond prime sur la forme. L’urgence com­mande. Encore une fois, pour pré­sen­ter ce film pas comme les autres, citons Jean-Marie Barbe : « Si ce n’est pas un grand film au sens formel du terme, c’est néan­moins un film impor­tant…C’est un film poli­ti­que qui établit une sorte de mou­ve­ment inau­gu­ral, rien de moins que la prise en main par l’écriture docu­men­taire du récit de l’his­toire poli­ti­que immé­diate. Ce film a valeur de sym­bole, il est le pre­mier. »

Alors que les télé­vi­sions occi­den­ta­les sau­pou­drent, au gré des JT, les scènes de sac­cage habi­tuel­les et oublient sou­vent d’accom­pa­gner les évènements dès qu’ils devien­nent répé­ti­tifs ou moins spec­ta­cu­lai­res, nous assis­tons au dérou­le­ment, jour après jour, d’une grande crise socio­po­li­ti­que, aux déra­pa­ges cons­ti­tu­tion­nels, aux « erreurs » com­mi­ses au nom de la démo­cra­tie par les acteurs, forces armées, Parlement, gou­ver­ne­ments togo­lais et fran­çais , lea­ders d’oppo­si­tion, et leurs consé­quen­ces vis-à-vis du peuple. Un homme, Luc Abaki, prend sa caméra et rend compte de la chro­no­lo­gie des faits. Un scé­na­rio à couper le souf­fle !

En moins d’une heure, un moment fort de l’his­toire du Togo, ce petit pays appelé la « Suisse de l’Afrique », nous est rendu par un témoin de pre­mier plan. La mort inat­ten­due de Eyadema, la fer­me­ture immé­diate des fron­tiè­res, le détour­ne­ment vers le Bénin du pré­si­dent de l’Assemblée Nationale togo­lais en visite à Paris et qui aurait dû pren­dre en mains les affai­res du pays. La prise du pou­voir du fils, Faure Eyadema, avec le sou­tien de l’armée, les lois modi­fiées avec un vote à mains levées, la vague de mani­fes­ta­tions popu­lai­res, les élections contes­tées par les lea­ders d’oppo­si­tion, les émeutes qui s’ensui­vi­rent et la photo de Chirac brulée dans les rues, le Togo coupé du monde... Le film s’arrête aux élections légis­la­ti­ves de 2007.

Le réa­li­sa­teur Luc Abaki, qui fait actuel­le­ment partie de la com­mu­ni­ca­tion du gou­ver­ne­ment, avait déclaré : « Je ne veux pas faire un film qui aggrave la guerre civile dans mon pays ». Son nom désor­mais est rem­placé au géné­ri­que par celui de son pro­duc­teur Augustin Talakaena. Difficultés de l’exer­cice à médi­ter ! Qui, en ce moment, au Gabon, prend des ris­ques pour rendre compte de ce qui se passe ?
Aux der­niè­res nou­vel­les, le Togo a retrouvé son calme, Faure Eyadema est tou­jours pré­si­dent de la République et, en date du 07/09 /09, le minis­tre de l’Economie et des Finances a offi­ciel­le­ment signé, avec la Chine Axim Bank, une conven­tion de finan­ce­ment de 165 mil­lions de dol­lars… Pour le tome 2, le scé­na­rio s’écrit tout seul !

Michèle Solle
Lussas 2009

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