Le cinéma Images d’Ailleurs peut il mettre la « clef » sous la porte ?
C’est l’épée de Damoclès qui pèse sur la tête de Sanvi Panou qui se bat depuis des années pour faire vivre cette salle d’art et d’essai.
Le propriétaire des lieux ne veut pas renouveler son bail.
Victime de la crise ?
Ce n’est pas un secret, le cinéma Images d’Ailleurs comme tous les cinémas d’art et d’essai, vit grâce à de nombreuses aides, quelles soient du CNC, de la ville de Paris ou parfois du MAE.
Faire le choix de diffuser des films indépendants, peu distribués et non commerciaux aujourd’hui relève de l’héroïsme. Depuis 20 ans, nichée au cœur du 5eme arrondissement, ses salles ont accueilli de nombreux parisiens désireux de voir des films, des festivals ou des rétrospectives uniques en leurs genres.
La Clef reste l’un des derniers endroits où l’on peut voir des films africains, le rendez-vous de tous les passionnés des cinémas du monde.
Sanvi Panou rêve d’un lieu dédié à la culture noire, comme l’institut du monde Arabe ou la maison du Japon. Utopique ? Le musée du Quai Branly peut-il être une porte ouverte à la création d’un lieu de diffusion des films de l’Afrique Noire ? Ce serait pourtant bienvenu à l’heure où Barak Obama redonne de l’espoir à toute la communauté afro-caribéenne. Les Afros-Américains prouvent depuis des décennies que la culture noire est extrêmement importante et influente. Ecrivains, musiciens, comédiens ou réalisateurs, sont très présents dans la culture américaine. Alors pourquoi pas en France où il existe une forte population africaine et caribéenne. La visibilité de leur culture est quasi nulle. Pourtant elle existe. Le Fespaco, festival de cinéma africain qui a lieu tous les 2 ans à Ouagadougou, prouve qu’une cinématographie riche existe. De nombreux réalisateurs et comédiens africains vivent en France. Une grande partie des films de l’Afrique Francophone bénéficie d’aides du MAE. Seulement, il n’y a pas de suivi. Pas de diffusion télévisuelle (hormis TV5 et FranceÔ aujourd’hui), pas ou peu de distribution en salles, avec un temps à l’affiche très court. Souvent se sont des films « de festivals ». En revanche, ils ne sont pas sélectionnés à Cannes, où la visibilité médiatique est à son apogée.
Et Paris ? Capitale de la culture en général et du cinéma en particulier.
Quelle place accorde t’on au cinéma africain ?
Il y a un an, la cinémathèque a rendu hommage au cinéma africain, avec son festival Africamania. C’était la première fois.
Si le cinéma Images d’Ailleurs venait à disparaître, ce pourrait être le dernier bastion de la culture afro-caribéenne qui s’effondrerait.
Isabelle Audin
Clap Noir
Association Clap Noir
18, rue de Vincennes
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