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Sembène à la télévision !
Publié le : samedi 6 mars 2010
Un esprit libre





Ne ratez pas l’occa­sion rare de voir "le Vieux", le Père du cinéma afri­cain s’expri­mer devant la caméra de Christine Delorme, dans le docu­men­taire "Ousmane Sembène : tout à la fois", sur TV5 Afrique le samedi 20 mars à 11H03 (heure de Dakar). Film de 52 minu­tes réa­lisé en jan­vier 2010.




Pendant une heure, Sembène Ousmane va nous parler de Guelwaar, son film le plus per­son­nel - lui-même ne se défi­nis­sait-il pas comme un "guel­waar", c’est à dire un noble de l’ancien temps séné­ga­lais - et autour de ce film, parler de sa vision du monde. Les rela­tions entre la France et l’Afrique - per­sonne n’est épargné -, les ques­tions d’indé­pen­dance, la poli­ti­que en Afrique, la rela­tion entre la tra­di­tion et le pré­sent, le marxisme et les reli­gions, les guer­res, l’escla­vage, le rôle et la place des femmes en Afrique... Sembène Ousmane, décédé en 2007, par­lait peu et ne se dévoi­lait pas tant que cela. Cet entre­tien filmé réa­lisé en 1992 par la docu­men­ta­riste Christine Delorme, est l’un des seules traces où l’on voit le maître s’expri­mer devant la caméra. " Il ne tenait pas à ce qu’on le voie de son vivant. Il ne se lais­sait pas faci­le­ment inter­vie­wer. Il se trouve qu’après, j’ai appris qu’il n’exis­tait pas d’entre­tien aussi long que celui-ci. Je n’avais com­pris que ce docu­ment était pour lui qua­si­ment un docu­ment pos­thume."

Christine Delorme fait des repor­ta­ges pour RFI et depuis 1992, elle fait des docu­men­tai­res pour la radio et le cinéma : "J’ai tra­vaillé avec Sembène sur un projet qui s’appe­lait Samory. Je l’avais ren­contré à Ouagadougou. Il m’avait laissé ses scé­na­rios, j’ai tra­vaillé à la pro­duc­tion depuis Paris. Puis, il a inter­rompu le projet et m’a demandé de le rejoin­dre sur son film Camp de Thiaroye. J’ai aussi filmé un making of du Camp de Thiaroye. Quand je l’ai inter­viewé, Sembène était en train de faire le mon­tage de Guelwaar. Je l’ai filmé en 16 mm. Mon idée était de le filmer sur des années..."

Brillant d’intel­li­gence, avec sa pipe, sa main qui accom­pa­gne sa pensée, le regard à la fois inso­lent et péné­trant, il parle de son oeuvre (aussi bien ses livres que ses films), de son his­toire et de son ana­lyse des choses. "D’un côté, il disait : "Vous, les Blancs"... En même temps, c’est la per­sonne la plus ouverte à tout. Tout l’inté­res­sait. Il avait une faculté de voya­ger, il avait ren­contré Ho Chi Minh, Orson Welles était venu le voir à Dakar. Tout était pos­si­ble, avec lui. C’était fas­ci­nant." Un régal pour les ama­teurs, qui donne envie de revoir tous ses films, et pas seu­le­ment Guelwaar, mais aussi Borom Charrette, son tout pre­mier film, Camp de Thiaroye, le film où il montre ce que fut le destin des "tirailleurs séné­ga­lais" pen­dant la der­nière guerre, évoqués lors de l’entre­tien, ou encore Xala, où il dénonce la cor­rup­tion des élites de l’après indé­pen­dance, Ceddo, où il raconte l’arri­vée de l’islam au Sénégal... Et pour ceux qui ne connais­sent pas Sembène, une manière de décou­vrir l’un des esprits les plus libres du XXème siècle !

Caroline Pochon

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