Rigolo et rafraîchissant
En Afrique, on fait des voyages en « 7 places » : un transport en commun ou covoiturage courant, dans lequel sept places sont à pourvoir. Mais là, le septième voyageur n’arrive pas et tout le monde attend…
Magie enchantée du conte, charme du kitch. Très vite, des chansons ironiques, romantiques, décalées font irruption dans le récit. Chanson de la coiffeuse qui rêve de richesse, chanson de la mama Benz qui rêve d’amour, chanson du jeune premier qui rêve à sa dulcinée… C’est un peu comme si Jacques Demy s’était invité en Afrique. C’est rigolo et surprenant. Superficiel ? oui, et alors ? C’est si bon de voir quelqu’un s’emparer de la comédie musicale dans un univers qui s’est souvent plutôt prêté aux digressions misérabilistes ou aux comédies brinquebalantes.
Les couleurs pètent : robes et boubous multicolores, ciel bleu sénégalais. Dans Deweneti, son premier (et très primé) court-métrage, co-écrit et co-réalisé avec Rémi Mazet, Diana Gaye montrait qu’elle avait de l’humour, de l’audace et de la fantaisie. Elle le confirme avec ce deuxième film, un moyen-métrage (les deux sortes en salle), même si du coup, il n’y a plus vraiment de scénario. L’intrigue est ténue, mais est-ce vraiment grave ? On se délecte quand même, et le charme agit puissamment.
Caroline Pochon
À petites doses
Inventer aujourd’hui une comédie musicale, c’est tenter de résoudre à nouveau une équation magique : comment en additionnant les éléments hétéroclites, une histoire et des chansons, des personnages qui parlent, qui dansent, arrive-t-on à susciter le plaisir par la magie du cinéma ? Qui plus est dans les conditions d’une production africaine tournée au Sénégal ?
Pari presque réussi pour Dyana Gaye qui a jonglé avec les comédiens - la plupart non professionnels - et joué des contraintes scénaristiques. Le thème est super et le cadre ultra photogénique ; la scène qui s’étend de Dakar à St Louis, est un voyage en taxi brousse. On rigole bien. Le film est emporté par une bande son métissée où la chorégraphie, haute en couleur, empreint un ton humoristique.
Mais rigole-t-on d’une comédie - qui s’apparente plus à une succession de tableaux musicaux où se concentre l’énergie du film - dans laquelle la réalisatrice se lâche -, ou de l’exotisme d’un énième film complètement décalé ? La réalisatrice joue t-elle de la disposition du spectateur à rire d’autant de maladresses en se projetant dans l’illusion du conte ?
Amusant mais à petites doses, on peut se lasser. Il ne suffit pas de s’inspirer d’un Demy pour convaincre. Des acteurs qui ne donneraient pas envie de rire à la moindre réplique, ça peut servir aussi.
Benoît Tiprez
Clap Noir
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