Le Fespaco est maintenant lancé. Après les désagréments inhérents à la non maîtrise de certains paramètres de l’organisation, place maintenant aux salles obscures. Chacun se bouscule pour trouver la salle juste pour visionner le film souhaité. Dans ce tour d’horizon des salles, ceux qui participent depuis quelques éditions à la fête du cinéma africain ont dû remarquer que le « Ciné Rialé » ne figure nullement dans les salles retenues pour les projections.
Ci contre la cabine de projection
Autrefois fleuron, avec le Ciné Oubri, du cinéma populaire à Ouagadougou, le « Ciné Rialé » n’est plus que l’ombre de lui-même. Si la façade, avec l’écriteau « Ciné Rialé » en moins, existe toujours, la salle de projection a tout simplement été rasée. Elle a fait place à des touffes d’herbes qui poussent de façon disparates. Des termitières ont pris pied sur le terrain. Et désormais l’accès au lieu est interdit au public. L’ex-salle de projection est en ruine et le matériel n’existe plus. De toutes les façons, il était déjà désuet au moment de la fermeture.
Comme du temps de sa splendeur, la devanture de ce qui était le « Ciné Rialé » grouille toujours de monde. Sauf que ce sont maintenant des commerçants de chaussures qui ont pris pied sur les lieux proposant à qui le voudrait des chaussures de la dernière mode. Et la nuit tombée, cet endroit qui ne s’animait vraiment qu’à ce moment de la journée redevient calme et triste.
Victime de la crise du cinéma africain, le « Ciné Rialé » à l’instar d’autres salles de cinéma appartenant à l’Etat Burkinabè est fermé en 2003 avec la liquidation de la Société nationale d’exploitation cinématographique du Burkina (SONACIB) qui en assurait la gestion. Il faut dire qu’en dehors de la situation d’ensemble, des facteurs propres ont conduit à la faillite de la salle.
Longtemps considéré, avec sa sœur « jumelle » du « Ciné Oubri » comme une salle prospère, le Ciné Rialé a été une victime collatérale du grand projet d’urbanisation du centre de Ouagadougou et de l’incendie du grand marché de la ville. Des situations qui ont entraînées un déguerpissement du centre ville par des populations qui constituaient le gros des assidus de la salle. Un manque à gagner qu’on n’a jamais tenté de récupérer.
Et contrairement aux autres salles de cinéma, le « Ciné Rialé » n’a jamais bénéficié d’un plan de redressement. Bien au contraire, avec les difficultés, les autorités l’ont cédé à un riche opérateur économique burkinabè contre, affirme-t-on, la rondelette somme de 200 millions de Francs Cfa. L’opérateur déjà propriétaire de plusieurs immeubles entend y bâtir un hôtel-résidence.
C’est ce dernier qui pour son projet a procédé au rasage de la salle donnant cette impression de désolation qui s’élève de ce qui était autrefois le « Ciné Rialé ». Mais les plus optimistes veulent croire que dans le cahier de charge imposé à l’opérateur économique, il est fait obligation d’érection d’une salle de cinéma sous l’immeuble qui sera bâti.
En entendant, notre opérateur économique prend son temps. les bobines de films n’y tournent plus et le cinéma africain a une salle de projection en moins.
Souleymane Mao
Clap Noir
Association Clap Noir
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