Que faire quand, après la mort accidentelle de son enfant, son épouse est triste ? Il faut lui trouver un remède. Mais quel remède ? Le pharmacien dit ne pas en connaître. Il fait plusieurs propositions à Mouloud. Emmène ton épouse à la campagne dit le pharmacien. On vit déjà à la campagne répond Mouloud. J’ai connu une personne qui a vécu la même situation que toi, lui répond le pharmacien. Il a peint sa maison
et cela a aidé son épouse à sortir de la tristesse. Quelle couleur ? demande Mouloud. La couleur jaune.
La maison jaune n’est pas un film sur la mort, mais un film sur l’après mort. Qui est le mort ? C’est Belkacem, un gendarme. A la suite d’un accident, il perd la vie. Son père quitte le village a bord de sa Lambretta, un tricycle à moteur pour aller chercher le corps de son fils.
Ce voyage, Mouloud le fait avec courage et avec tant d’humanité que face à chaque difficulté, le spectateur invoque quelque chose pour que les problèmes s’aplanissent. Arrivé en ville, il ne sait pas où aller. Un taximan le conduit à l’adresse qu’il donne. Il arrive à la morgue, il prend le corps de son enfant et s’en va sans attendre l’autorisation. L’infirmier le rattrape des kilomètres plus loin pour lui remettre le document. Il tombe en panne, le garagiste fait appeler l’Imam du village pour faire une prière au mort. Ainsi de suite jusqu’à l’inhumation.
L’enterrement terminé, Mouloud fait face à une autre difficulté. La tristesse de son épouse. Elle n’arrive pas à surmonter la mort de son fils. Mouloud va à la recherche d’un remède pour elle. Après l’échec de la peinture de la maison en jaune et l’achat d’un chien pour soulager sa douleur, Mouloud va se tourner vers la vidéo. Belkacem avant sa mort avait enregistré une cassette vidéo à l’intention de sa famille. La projection de cette vidéo à fait retrouver le sourire à la mère de Belkacem.
Quelle lecture faire de se film dans une Algérie en proie aux problèmes sociaux et politiques ? D’abord la solidarité. Elle est omniprésente dans le film. Hakkar nous présente une société ou l’autre à une importance. Des images fortes ont été montrées pour traduire cette solidarité. Le taximan qui montre le chemin à Mouloud refuse d’être payé. Mouloud lui offre un gâteau pour ses enfants. Le militaire qui reconduit un peu sèchement Mouloud reçoit aussi sa part de gâteau, sans aucune rancune du monsieur.
Le film nous montre aussi des villes modernes jouxtant des villages où l’eau courante, l’électricité et le gaz sont absents. On s’éclaire encore à la lampe à pétrole. Cela ne semble poser aucun problème jusqu’au jour ou Mouloud a besoin d’électricité pour sa vidéo. C’est là qu’on se rend compte que le poteau électrique n’est qu’a quelques dizaines de mètres de sa maison.
Film humain, le spectateur fait corps avec Mouloud, ce père de famille droit, silencieux et digne. La musique vient appuyer les instants forts du film. Le rythme général du film est à l’image de l’histoire. La maison jaune est un film qui se regarde et se vit.
Achille Kouawo
Clap Noir
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