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La maison jaune ou comment guérir de la tristesse
Publié le : mercredi 4 mars 2009

Que faire quand, après la mort acci­den­telle de son enfant, son épouse est triste ? Il faut lui trou­ver un remède. Mais quel remède ? Le phar­ma­cien dit ne pas en connaî­tre. Il fait plu­sieurs pro­po­si­tions à Mouloud. Emmène ton épouse à la cam­pa­gne dit le phar­ma­cien. On vit déjà à la cam­pa­gne répond Mouloud. J’ai connu une per­sonne qui a vécu la même situa­tion que toi, lui répond le phar­ma­cien. Il a peint sa maison
et cela a aidé son épouse à sortir de la tris­tesse. Quelle cou­leur ? demande Mouloud. La cou­leur jaune.


La maison jaune n’est pas un film sur la mort, mais un film sur l’après mort. Qui est le mort ? C’est Belkacem, un gen­darme. A la suite d’un acci­dent, il perd la vie. Son père quitte le vil­lage a bord de sa Lambretta, un tri­cy­cle à moteur pour aller cher­cher le corps de son fils.

Ce voyage, Mouloud le fait avec cou­rage et avec tant d’huma­nité que face à chaque dif­fi­culté, le spec­ta­teur invo­que quel­que chose pour que les pro­blè­mes s’apla­nis­sent. Arrivé en ville, il ne sait pas où aller. Un taxi­man le conduit à l’adresse qu’il donne. Il arrive à la morgue, il prend le corps de son enfant et s’en va sans atten­dre l’auto­ri­sa­tion. L’infir­mier le rat­trape des kilo­mè­tres plus loin pour lui remet­tre le docu­ment. Il tombe en panne, le gara­giste fait appe­ler l’Imam du vil­lage pour faire une prière au mort. Ainsi de suite jusqu’à l’inhu­ma­tion.

L’enter­re­ment ter­miné, Mouloud fait face à une autre dif­fi­culté. La tris­tesse de son épouse. Elle n’arrive pas à sur­mon­ter la mort de son fils. Mouloud va à la recher­che d’un remède pour elle. Après l’échec de la pein­ture de la maison en jaune et l’achat d’un chien pour sou­la­ger sa dou­leur, Mouloud va se tour­ner vers la vidéo. Belkacem avant sa mort avait enre­gis­tré une cas­sette vidéo à l’inten­tion de sa famille. La pro­jec­tion de cette vidéo à fait retrou­ver le sou­rire à la mère de Belkacem.

Quelle lec­ture faire de se film dans une Algérie en proie aux pro­blè­mes sociaux et poli­ti­ques ? D’abord la soli­da­rité. Elle est omni­pré­sente dans le film. Hakkar nous pré­sente une société ou l’autre à une impor­tance. Des images fortes ont été mon­trées pour tra­duire cette soli­da­rité. Le taxi­man qui montre le chemin à Mouloud refuse d’être payé. Mouloud lui offre un gâteau pour ses enfants. Le mili­taire qui reconduit un peu sèche­ment Mouloud reçoit aussi sa part de gâteau, sans aucune ran­cune du mon­sieur.

Le film nous montre aussi des villes moder­nes joux­tant des vil­la­ges où l’eau cou­rante, l’électricité et le gaz sont absents. On s’éclaire encore à la lampe à pétrole. Cela ne semble poser aucun pro­blème jusqu’au jour ou Mouloud a besoin d’électricité pour sa vidéo. C’est là qu’on se rend compte que le poteau électrique n’est qu’a quel­ques dizai­nes de mètres de sa maison.

Film humain, le spec­ta­teur fait corps avec Mouloud, ce père de famille droit, silen­cieux et digne. La musi­que vient appuyer les ins­tants forts du film. Le rythme géné­ral du film est à l’image de l’his­toire. La maison jaune est un film qui se regarde et se vit.

Achille Kouawo

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