Après Carthage en novembre 2008, Michelle Solle, notre chroniqueuse arrive avec toute l’équipe de Clap Noir à Ouagadougou pour le Fespaco. Elle nous raconte, avec sa verve habituelle, ses premiers jours à Ouaga, capitale du cinéma africain.
Il est des rendez-vous à ne pas manquer, même s’il en coûte. Tous les deux ans des années impaires, vers la fin février, Le FESPACO (festival panafricain de cinéma et de télévision de Ouagadougou) rameute une foule cosmopolite composée de tous ceux qui tournent de près ou de loin autour du cinéma. Longtemps à l’avance, on a comparé les prix des billets d’avion, et, cette année, c’est avec Afriqiyah, la compagnie lybienne, décidément la moins chère, qui a remporté les suffrages. Malgré les plaisanteries des copains, pas avares de prédictions calamiteuses. Ils avaient tort ! Beaux avions très confortables avec, mais c’était prévu, 4 heures d’escale à Tripoli. Ah Tripoli ! Son bar sans alcool, sa boutique free taxe, ses rangées de sièges, et, heureusement un temps pour les rencontres. Maïder, qui arrive de Bayonne avec son documentaire tourné en 2003, l’équipe de foot de Bobo–Dioulasso, de retour d’Italie, sage et studieuse autour de son coach. Arrivée nocturne à Ouaga où l’odeur de la terre rouge vous retrouve jusqu’au milieu de la queue des formalités.
Le lendemain (vendredi 27, veille de l’inauguration), à pied d’œuvre malgré la chaleur, qu’on avait un peu oubliée, première visite pour le siège du Fespaco, objectif : récupérer la sacro-sainte accréditation. Que faire sans elle ? Déjà que des bruits alarmistes promettent aux journalistes des projections presse exclusives à 8h du matin et rien ensuite !!! Ce qui nous permet de voir seulement 7 films sur les 374 inscrits toutes catégories. Ne pas se laisser atteindre, chaque chose en son temps !
Justement le temps semble s’être arrêté sous la rotonde où se délivrent les laisser passer. Une foule se presse contre un guichet arrondi derrière lequel officient 4 ou 5 personnes. Ne pas chercher le sens de la queue, se rapprocher, écouter. Festivaliers, professionnels, journalistes se mélangent. Une jolie fille bien en chair hurle des noms, elle sort des paquets de cartes de derrière sa talanquère, en prend un autre, un autre, recommence… Le futur festivalier pas très bien remis de son voyage essaie de trouver une explication, par éclair, un semblant d’ordre alphabétique lui redonne un peu d’espoir, vite perdu car noms et prénoms sont mélangés. Se laisser aller, écouter les voisins qui ont une longueur d’avance : « Rien à faire, subir, espérer ! » Un reporter radio, pas fou, tend son micro. Pendant que je me crispe sur l’énoncé des noms, j’entends ceux des copains, des connaissances, dommage, ils ne sont pas là ! Derrière moi Soro Solo, la « Voix » de l’Afrique Enchantée philosophe, lui aussi attend depuis longtemps, il finit par abandonner, moi aussi. Deux heures plus tard, je jette l’éponge, revenir plus tard, ou demain ou après demain… Et le programme ? On l’aura le samedi, distribué avec parcimonie et fera la richesse des boutiques avec photocopieurs.
Envolée l’excitation des débuts de festival ! Quant on reçoit le kit (catalogue, accréditation, documentation etc.) qu’on commence à sélectionner, à repérer les salles, les horaires, comment faire son boulot sinon ? Les journalistes seraient-ils des importuns ?
Du coup, on se dit qu’il fait très chaud, qu’un bon petit festival africain sous des cieux plus propices ferait bien l’affaire et on n’a plus la force d’aller au stade pour la cérémonie d’ouverture. On est aussi bien devant la télé !
A suivre donc...
Michèle Solle
Clap Noir
Association Clap Noir
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