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Cœur de lion : une histoire de berger et de chasseur
Publié le : mardi 3 mars 2009

C’est l’his­toire d’un lion. Un lion qui trau­ma­tise des ber­gers. Samba décide de tra­quer la bête. Il n’a ni les com­pé­ten­ces, il est berger, ni l’assis­tance des chas­seurs. Après plu­sieurs jours de recher­che, il se retrouve face au lion. Première flèche ; l’animal est blessé. Samba n’a pas le temps de réar­mer. La bête fonce. Tanko le chas­seur est à proxi­mité. Il tue la bête.

Boubakar Diallo, habi­tué aux films à intri­gue ne s’arrête pas là. Il mêle à cette his­toire de lion, une autre his­toire de dis­pa­ri­tion. Des jeunes filles, des voya­geurs et des hommes dis­pa­rais­sent. La rumeur parle de lion qui les dévore. Au fil du film, on décou­vre que le lion n’y est pour rien. Ces dis­pa­rus étaient vendus à des escla­va­gis­tes. Tanko le chas­seur, prince héri­tier, est enlevé à son tour et vendu aux négriers. Samba lui doit une vie. Il va à sa recher­che, le retrouve et le libère.

Voilà pour la trame de ce film épique. Loin d’être une simple his­toire de traque au lion, le film met en exer­gue plu­sieurs réa­li­tés. D’abord, le rap­port à l’autre. Le film sou­li­gne la coha­bi­ta­tion entre les peu­ples et les eth­nies. Berger, chas­seur, for­ge­ron, pêcheur, autant étaient ces eth­nies qui coha­bi­taient, qui plai­san­taient et qui, à un moment donné se sont retrouvé ensem­ble escla­ves et se sont battus pour la liberté. Le mariage inte­reth­ni­que et son coro­laire de dif­fi­cultés posaient déjà un pro­blème dans le passé. Si je t’épouse, tu vien­dras loger avec moi dit Tanko à sa belle. Non ! Je ne peux pas quit­ter ce fleuve dans lequel je plonge mon corps tous les jours dit sa belle fian­cée. En arrière plan de cet échange entre les deux amou­reux, une céré­mo­nie de pré­sen­ta­tion d’un enfant à l’eau se fait. Le film expli­que des sym­bo­les pro­pres aux dif­fé­ren­tes cultu­res en pré­sence. Pourquoi le peulh se cache pour manger ? Samba dit à Tanko que manger n’est pas noble. Manger n’est pas noble parce que ce qui se passe après avoir mangé n’est pas noble !
L’épineux pro­blème d’une Afrique face aux tra­di­tions est sou­levé. Le prince héri­tier ne doit pas parler à son père. Tanko désire pro­fon­dé­ment un chan­ge­ment de la cou­tume. Il le dit : « je veux enten­dre la voix de mon père ». Mais, cela est impos­si­ble. Il faut res­pec­ter la tra­di­tion, qu’elle soit bonne ou mau­vaise. C’est bien la tra­di­tion qui veut que pour le Peulh, la vache soit au centre de sa vie. L’épouse de Samba lui rap­pelle régu­liè­re­ment qu’elle attend un enfant et que c’est impor­tant. Ces tra­di­tions qui empri­son­nent les afri­cains, quels regards faut-il y porter ?

Cœur de Lion nous raconte aussi l’his­toire des coups d’état. Ces prises de pou­voir par la force ne sont que l’expres­sion d’une avi­dité per­son­nelle et une soif déme­suré du pou­voir. Pour s’en acca­pa­rer, le cousin de Tanko n’a pas hésité une seconde à tuer le maxi­mum de per­son­nes, y com­pris le Roi pour se faire intro­ni­ser.

Finalement, le chas­seur à sauvé le berger et le berger a sauvé le chas­seur. N’est-ce pas comme cela que nos arriè­res grands parents vivaient ? En har­mo­nie ! Harmonie entre les peu­ples, har­mo­nie entre l’homme et la nature, har­mo­nie au sein des foyers.

Le scé­na­rio du film est bien élaboré. Le film connaît des rebon­dis­se­ments, des intri­gues et des ins­tants où nous savou­rons sim­ple­ment la beauté de la nature. Quelques fai­bles­ses au niveau de la mise en scène et de la prise de vue qui n’enlè­vent rien à la qua­lité ciné­ma­to­gra­phi­que du film.

Achille Kouawo

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