Le public était nom­breux au ciné Burkina pour voir le film de Mahamat-Saleh Haroun, un homme qui crie. Le film raconte l’his­toire d’Adam, un ancien cham­pion de nata­tion confronté à plu­sieurs dilem­mes. Maitre nageur, il a formé son fils qui tra­vaille dans le même hôtel que lui. Les dif­fi­cultés finan­ciè­res vont pous­ser les res­pon­sa­bles de l’hôtel à faire des ajus­te­ments. Le fils prend la place du père qui se retrouve à lever la bar­rière pour lais­ser passer les clients de l’hôtel.

Autre dilemme auquel est confronté Adam. Le paye­ment de l’effort de guerre. Acculé par le chef de quar­tier, il doit donner sa contri­bu­tion. Finalement, Adam se résout à donner son fils pour son enrô­le­ment dans l’armée. Pris de remords, Adam dit à la copine de son fils que c’est lui qui a donné son fils. Il fait le ser­ment d’aller le cher­cher. Après un long voyage, il retrouve Abdel, son fils, blessé. Il décide de l’enle­ver pour le rame­ner à la maison. Les bles­su­res d’Abdel ne lui ont pas permis d’arri­ver à domi­cile. Il rend l’âme sur la route. Face à son désir de nager dans le fleuve, son père le dépose dans le lit du Chari, un fleuve qui, tout dou­ce­ment, emporte le corps d’Abdel.

Tout est silen­cieux dans ce film. Pas de bruit, pas de pré­ci­pi­ta­tion. Avec un style propre, Mahamat-Saleh entraine le spec­ta­teur avec lui à la ren­contre d’une per­sonne, d’une famille, d’un pays où la guerre détruit tout. Les images par­lent d’elles-mêmes. Les silen­ces aussi. Après le chan­ge­ment de poste du père, le conflit entre Adam et son fils est silen­cieux. Un silence qui dit tout, un silence qui exprime le désar­roi d’un père qui perd son poste de maitre nageur, lui pour qui la nata­tion est toute sa vie.

La pho­to­gra­phie du film est belle, le son par­fait. Le jeu des acteurs accom­pa­gne le spec­ta­teur à vivre le film. La musi­que de Wasis Diop est émouvante. Elle vous prend les tripes et accen­tue les actions et les drames. Un film à voir.

Candide Étienne