Sous le signe du Choc !
Publié le : mercredi 2 mars 2011
Fespaco 2011




Plusieurs films de cette édition du Fespaco s’ins­cri­vent sous le signe du choc : choc des cultu­res, choc des reli­gions, choc citoyen et choc de l’immi­gra­tion. Sylvestre Amoussou met les pieds dans les plats dans son film Un pas en avant, les des­sous de la cor­rup­tion. Dans un lan­gage par­fois cru, il dénonce ces pro­fi­teurs du peuple qui n’hési­tent pas à détour­ner des médi­ca­ments, du riz, offert par l’aide huma­ni­taire, pour s’enri­chir. C’est du 20, 30 à 40% qui sont pré­le­vés sur les dons.

Sanou Kollo, lui, met le ciné­phile face aux contra­dic­tions reli­gieu­ses et aux choix à faire, entre tra­di­tion et moder­nité. Dans Le poids du ser­ment, le chas­seur Dozo, Nyama, vic­time d’une tra­hi­son de son ami Sibiri, assommé puis jeté dans un puits, est récu­péré par les mem­bres d’une secte chré­tienne. Durant le film, Sanou nous met en pré­sence des choix à faire entre tra­di­tion et moder­nité, entre reli­gion tra­di­tion­nelle et nou­veau mou­ve­ment reli­gieux.

Missa Hebié lui, nous met face à un choc poli­ti­que avec En atten­dant le vote. Pour garder le pou­voir, le Maréchal Président Koyaga n’hésite pas à tuer son peuple. Mais, face à lui, un grou­pus­cule de per­son­nes, convain­cues que la démo­cra­tie vain­cra, mène la lutte. Pour vain­cre le Président, « le mons­tre », la fille d’un des démo­cra­tes tor­tu­rés finira par être sa mai­tresse et four­nira des infor­ma­tions pour éliminer le Président. Il s’en sor­tira, et cher­chera dans sa confré­rie, celle des chas­seurs Dozos, des solu­tions mys­ti­ques à ses pro­blè­mes de gou­ver­ne­ment.

Dans le film A small Town called Descente, le Sud-afri­cain Jahmil Xolani Qubeka traite du choc de l’immi­gra­tion à tra­vers le refus des étrangers par les natifs du pays. Les Sud-Africains, après avoir vécu sous l’apar­theid, voient dans l’étranger, celui qui l’empê­che d’être socia­le­ment émancipé. Résultats : à cause de la xéno­pho­bie, des étrangers sont tués.

Quel choc que d’arri­ver en Afrique et de se rendre compte que le pays n’est pas ce que l’on ima­gi­nait et qu’il est peut-être dif­fi­cile d’arri­ver rapi­de­ment aux objec­tifs que l’on s’est donnés. C’est ce que Sarah Bouyain a montré dans Notre étrangère qui retrace l’his­toire d’Amy, une métisse qui retourne à Bobo Dioulasso pour retrou­ver sa mère.

La mos­quée du maro­cain Daoud Aoulad-Syad met en évidence le choc des géné­ra­tions. Après un film, les décors sont détruits, sauf la mos­quée cons­truite pour les besoins du film. Les habi­tants s’appro­prient la mos­quée, car, même si c’est en carton pâte, ce n’est pas un simple décor, mais un lieu de prière. Ce film met aussi en évidence l’impor­tance des images que véhi­cule le cinéma. Entre fic­tion et réa­lité, la fron­tière n’est pas tou­jours évidente.

Les films de cette édition mon­trent que les réa­li­sa­teurs ne pren­nent plus de gants pour dire ce qu’ils ont à dire, et cela, à tra­vers des hommes et des femmes ordi­nai­res. Les sujets met­tent en évidence les dif­fé­rents chocs. Ces images nous rap­pel­lent sans cesse que plus qu’un amu­se­ment, le cinéma est acteur de prise de cons­cience et de déve­lop­pe­ment.

Candide Étienne

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