Les festivaliers avant la projection de Ouaga Saga
« Samedi soir, grâce à la chaleur dégagée par le film de Dani Kouyaté, le public est resté jusqu’à minuit passé » écrivait Véronique du festival les murs à pêches. Clap Noir a déplacé son maquis culturel dans un festival à Montreuil. C’était l’occasion de projeter le dernier film de Dani Kouyaté, Ouaga Saga. Ouaga Saga, c’est l’aventure d’une bande de débrouillards, vivant dans un quartier démuni de Ouagadougou, qui cherche des espoirs plus ou moins fous. L’astuce et l’ingéniosité compensent l’argent qui manque souvent. La parole est ici donnée à Benoît Tiprez, Isabelle Audin de Clap Noir et Nicole Huvier du Festival qui nous rapportent les échos de la manifestation .
Clap Noir sort des sentiers battus en proposant son maquis culturel dans un festival. Qu’est-ce qui a motivé cette approche ?
Benoît : Le fait de participer à la promotion d’un patrimoine inestimable qui est en danger : les murs à pêches.
Je crois qu’en organisant un Maquis dans ces lieux et lors du Festival était une évidence. Le cinéma est facteur d’unité et de rassemblement. Tout comme la culture en général, cela contribue à harmoniser et sensibiliser les différents milieux sociaux. La culture fait partie intégrante de la vie d’une citée et c’est une arme pour protéger l’environnement. Programmer un maquis dans ce cadre avait tout son sens. Les Murs à Pèches sont au carrefour de friches potagères, de cités HLM et de maisons cossues.
Isabelle : Etre accueilli dans un festival est le moyen le plus sûr d’élargir son public. Les Maquis ont déjà conquis les aficionados du cinéma africain, il est temps aujourd’hui d’ouvrir les soirées à un public nouveau et curieux. Montreuil est la ville idéale pour cela. Tout d’abord c’est la ville d’accueil de Clap Noir. C’est aussi une localité à forte population africaine, elle est même surnommée « deuxième capitale du Mali ». Les Murs à Pêches correspondent en tout lieu à ce que nous recherchions depuis longtemps. Un endroit avec beaucoup de végétation en friche, style brousse, tout en étant en milieu citadin. Une véritable ressemblance avec les cinémas africains en plein air où la décoration est devenue superflue. De plus être invité dans un festival, c’est toujours gratifiant.
Etait-il facile d’intégrer le maquis dans un festival existant qui avait déjà ses marques et ses festivaliers ?
Benoît : Oui et non. Pour la 1ere fois, le festival se déroulait sur 2 jours. Oui car l’esprit du maquis, la découverte d’un film dans une ambiance chaleureuse, s’inscrivait complètement dans l’esprit du Festival. Le public du Festival est le même que celui du Maquis. Non car il a fallu réfléchir sur le choix du film et son message. Une dizaines d’associations participaient et il fallait qu’elle se retrouvent dans la programmation. Le fait aussi que le site n’était pas équipé en électricité (ni en rien d’ailleurs) nous a posé des casses têtes techniques.
Isabelle : C’est un festival récent où toute nouveauté reste la bienvenue. Les marques ne sont pas encore définies et les festivaliers sont surtout curieux de faire des expériences insolites. Le maquis a été pour eux une expérience originale et inoubliable, ont-ils confiés à la sortie.
L’expérience était-elle concluante ? A recommencer ?
Benoît : Oui car le film a trouvé son public. Le message est passé. Si cela participe concrètement à la promotion du cinéma africain, nous renouvellerons cette soirée.
Isabelle : Très concluante. Nous avons battu notre record de spectateurs, et conquis un nouveau public. La publicité faite autour de ce festival a été très bénéfique pour nous. Bref à renouveler. Nous sommes d’ailleurs inviter au prochain festival.
Le beau temps à permis une projection en plein air
Le maquis culturel a-t-il une incidence sur la diffusion des cinémas d’Afrique dans le milieu parisien ? A-t-il l’ambition de s’étendre sur la France ?
Benoît : Je ne sais pas encore. Les Maquis sont des rendez vous éphémères mais pertinents : ils font découvrir la diversité de ces cinémas à tout type de public. Le bilan est très encourageant.
A chaque projections, ce que j’entend le plus souvent c’est : "je ne savais pas que les films africains étaient comme ça !" Il y a un petit noyau de fidèles qu’on retrouve à chaque séance. Mais il y a encore beaucoup de travail car il faut aller à la rencontre du public...
Le milieu cinéphile parisien de la diaspora est sensibilisé et c’est un bon moyen d’aller voir un film pas diffusé. Il y a des professionnels du cinéma qui profite de l’occasion pour voir les réactions du public et s’invitent au débat.
Isabelle : Difficile de savoir si le maquis a une quelconque incidence sur la diffusion des cinémas d’Afrique à Paris. Pour être honnête, je ne pense pas encore. Il faut du temps pour que des évènements culturels fassent leur chemin ici, et puissent influencer un système aussi lourd que la distribution de films. Avec une couverture croissante des médias, se pourrait être envisageable. Nous n’avons pas encore la structure nécessaire pour nous étendre sur la France.
Candide Etien
Clap Noir
Association Clap Noir
18, rue de Vincennes
93100 Montreuil - France