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La saga ouagalaise à Paris
Publié le : dimanche 8 février 2009








Les fes­ti­va­liers avant la pro­jec­tion de Ouaga Saga

« Samedi soir, grâce à la cha­leur déga­gée par le film de Dani Kouyaté, le public est resté jusqu’à minuit passé » écrivait Véronique du fes­ti­val les murs à pêches. Clap Noir a déplacé son maquis cultu­rel dans un fes­ti­val à Montreuil. C’était l’occa­sion de pro­je­ter le der­nier film de Dani Kouyaté, Ouaga Saga. Ouaga Saga, c’est l’aven­ture d’une bande de débrouillards, vivant dans un quar­tier démuni de Ouagadougou, qui cher­che des espoirs plus ou moins fous. L’astuce et l’ingé­nio­sité com­pen­sent l’argent qui manque sou­vent. La parole est ici donnée à Benoît Tiprez, Isabelle Audin de Clap Noir et Nicole Huvier du Festival qui nous rap­por­tent les échos de la mani­fes­ta­tion .

Clap Noir sort des sen­tiers battus en pro­po­sant son maquis cultu­rel dans un fes­ti­val. Qu’est-ce qui a motivé cette appro­che ?

Benoît : Le fait de par­ti­ci­per à la pro­mo­tion d’un patri­moine ines­ti­ma­ble qui est en danger : les murs à pêches.
Je crois qu’en orga­ni­sant un Maquis dans ces lieux et lors du Festival était une évidence. Le cinéma est fac­teur d’unité et de ras­sem­ble­ment. Tout comme la culture en géné­ral, cela contri­bue à har­mo­ni­ser et sen­si­bi­li­ser les dif­fé­rents milieux sociaux. La culture fait partie inté­grante de la vie d’une citée et c’est une arme pour pro­té­ger l’envi­ron­ne­ment. Programmer un maquis dans ce cadre avait tout son sens. Les Murs à Pèches sont au car­re­four de fri­ches pota­gè­res, de cités HLM et de mai­sons cos­sues.

Isabelle : Etre accueilli dans un fes­ti­val est le moyen le plus sûr d’élargir son public. Les Maquis ont déjà conquis les afi­cio­na­dos du cinéma afri­cain, il est temps aujourd’hui d’ouvrir les soi­rées à un public nou­veau et curieux. Montreuil est la ville idéale pour cela. Tout d’abord c’est la ville d’accueil de Clap Noir. C’est aussi une loca­lité à forte popu­la­tion afri­caine, elle est même sur­nom­mée « deuxième capi­tale du Mali ». Les Murs à Pêches cor­res­pon­dent en tout lieu à ce que nous recher­chions depuis long­temps. Un endroit avec beau­coup de végé­ta­tion en friche, style brousse, tout en étant en milieu cita­din. Une véri­ta­ble res­sem­blance avec les ciné­mas afri­cains en plein air où la déco­ra­tion est deve­nue super­flue. De plus être invité dans un fes­ti­val, c’est tou­jours gra­ti­fiant.

Etait-il facile d’inté­grer le maquis dans un fes­ti­val exis­tant qui avait déjà ses mar­ques et ses fes­ti­va­liers ?

Benoît : Oui et non. Pour la 1ere fois, le fes­ti­val se dérou­lait sur 2 jours. Oui car l’esprit du maquis, la décou­verte d’un film dans une ambiance cha­leu­reuse, s’ins­cri­vait com­plè­te­ment dans l’esprit du Festival. Le public du Festival est le même que celui du Maquis. Non car il a fallu réflé­chir sur le choix du film et son mes­sage. Une dizai­nes d’asso­cia­tions par­ti­ci­paient et il fal­lait qu’elle se retrou­vent dans la pro­gram­ma­tion. Le fait aussi que le site n’était pas équipé en électricité (ni en rien d’ailleurs) nous a posé des casses têtes tech­ni­ques.

Isabelle : C’est un fes­ti­val récent où toute nou­veauté reste la bien­ve­nue. Les mar­ques ne sont pas encore défi­nies et les fes­ti­va­liers sont sur­tout curieux de faire des expé­rien­ces inso­li­tes. Le maquis a été pour eux une expé­rience ori­gi­nale et inou­blia­ble, ont-ils confiés à la sortie.

L’expé­rience était-elle concluante ? A recom­men­cer ?

Benoît : Oui car le film a trouvé son public. Le mes­sage est passé. Si cela par­ti­cipe concrè­te­ment à la pro­mo­tion du cinéma afri­cain, nous renou­vel­le­rons cette soirée.

Isabelle : Très concluante. Nous avons battu notre record de spec­ta­teurs, et conquis un nou­veau public. La publi­cité faite autour de ce fes­ti­val a été très béné­fi­que pour nous. Bref à renou­ve­ler. Nous sommes d’ailleurs invi­ter au pro­chain fes­ti­val.


Le beau temps à permis une pro­jec­tion en plein air

Le maquis cultu­rel a-t-il une inci­dence sur la dif­fu­sion des ciné­mas d’Afrique dans le milieu pari­sien ? A-t-il l’ambi­tion de s’étendre sur la France ?

Benoît : Je ne sais pas encore. Les Maquis sont des rendez vous éphémères mais per­ti­nents : ils font décou­vrir la diver­sité de ces ciné­mas à tout type de public. Le bilan est très encou­ra­geant.
A chaque pro­jec­tions, ce que j’entend le plus sou­vent c’est : "je ne savais pas que les films afri­cains étaient comme ça !" Il y a un petit noyau de fidè­les qu’on retrouve à chaque séance. Mais il y a encore beau­coup de tra­vail car il faut aller à la ren­contre du public...
Le milieu ciné­phile pari­sien de la dia­spora est sen­si­bi­lisé et c’est un bon moyen d’aller voir un film pas dif­fusé. Il y a des pro­fes­sion­nels du cinéma qui pro­fite de l’occa­sion pour voir les réac­tions du public et s’invi­tent au débat.

Isabelle : Difficile de savoir si le maquis a une quel­conque inci­dence sur la dif­fu­sion des ciné­mas d’Afrique à Paris. Pour être hon­nête, je ne pense pas encore. Il faut du temps pour que des évènements cultu­rels fas­sent leur chemin ici, et puis­sent influen­cer un sys­tème aussi lourd que la dis­tri­bu­tion de films. Avec une cou­ver­ture crois­sante des médias, se pour­rait être envi­sa­gea­ble. Nous n’avons pas encore la struc­ture néces­saire pour nous étendre sur la France.

Candide Etien

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