3 - Chroniques tunisiennes !
Publié le : mercredi 27 octobre 2010
Dimanche 24 octobre - JCC 2010







Cinéma 4eme Art

Dimanche 24 octo­bre, 11H docu­men­tai­res au 4ème Art :
De Carthage à Carthage de Khaled W. Barsaoui, Tunisie. 26 minu­tes d’une édition des JCC à une autre. Et com­ment les choses évoluent. Et com­ment petit à petit, s’est ins­tallé un parti pris en faveur de la pro­duc­tion des Pays Arabes au détri­ment de celle des pays d’Afrique sub-saha­rienne. Et com­ment le Maghreb s’est inter­posé entre l’Afrique et le Moyen-Orient. Et com­ment les films afri­cains ne sont pas ache­tés en Tunisie. Et qu’il serait sou­hai­ta­ble que ce fes­ti­val revienne tous les ans, car, entre temps la pro­gram­ma­tion est médio­cre pour les quel­ques salles qui res­tent ouver­tes. Passionnant et trop court. Un cons­tat mélan­co­li­que, on laisse tomber nos frères, on trahit les objec­tifs pre­miers des JCC…

E Viva le Cinéma de Mokhtar Ladjimi, Algérie. Plusieurs années et voya­ges néces­sai­res pour faire le tour de la situa­tion du cinéma du Sud. De sa dépen­dance des aides venues du Nord. Des conces­sions obli­ga­toi­res et de l’auto-cen­sure inhé­rente à l’obten­tion de ces aides et qui déna­tu­rent la nature de beau­coup de ces œuvres. Encore un cons­tat établi par de gran­des voix de pro­duc­teurs, réa­li­sa­teurs du sud. Que faire contre cette mon­dia­li­sa­tion et la culture hégé­mo­ni­que ? Un débat qui va se dérou­ler mer­credi et jeudi pro­chain à l’occa­sion du col­lo­que qui débute mardi soir avec ce film en ouver­ture.
L’affi­che des docu­men­tai­res est trop allé­chante, retour à 15H : la Guerre secrète du FLN en France (Algérie) de Malek Bensmaïl. Passionnant ! Ce film fait partie d’une série de 15 dont 10 sur l’Algérie. Il s’agit d’une relec­ture de l’Histoire offi­cielle, de porter le regard d’un jeune sur l’Algérie. A l’aide d’archi­ves algé­rien­nes, fran­çai­ses, suis­ses, belges et anglai­ses. La poli­ti­sa­tion et l’orga­ni­sa­tion de l’ensem­ble des 20000 ouvriers arri­vés en France dès 1952, la lutte intes­tine entre les par­ti­sans de Messali Hadj et les tenants du nou­veau FLN, les arres­ta­tions au Vel d’hiv. Verges et le col­lec­tif d’avo­cats, Sartre et le mani­feste des 121, le 17 octo­bre 61 et les 117000 per­son­nes arrê­tées au parc des Sports…le seul exem­ple d’un combat mené sur le ter­ri­toire de l’ennemi. Ce que les fran­çais n’ont su faire pen­dant la guerre contre l’Allemagne…On n’aime pas trop rece­voir des leçons !


Les larmes de l’émigration

7h30 tou­jours au 4eme ART : Les larmes de l’émigration d’Alassane Diago, Sénégal. C’est son pre­mier film docu­men­taire. Il a 25 ans, il ne parle pas des hommes qui quit­tent l’Afrique pour aller vers le nord. Il parle de son père, parti tra­vailler au Gabon il y a 23 ans, et sans nou­vel­les depuis. Il y parle de sa mère qui attend tou­jours, de sa sœur mariée à 15 ans et dont le mari est parti, lui aussi, la lais­sant avec deux enfants. Il parle de la vie de ces femmes et il parle de lui. De sa souf­france d’enfant sans père, sans argent, sans pain. Ses images sont sim­ples, plans fixes et lents, le temps ne compte pas qui dure si long­temps. Il a sur­monté les tabous peuls, il a posé à sa mère des ques­tions d’adulte, de celles qui font mal d’êtres dites et d’être tues. Et sa mère a parlé. Amour, res­pect, confiance et aussi, de la part du fils un impé­rieux besoin de vérité. Le public retient son souf­fle, il y a des portes et des rideaux qui se gon­flent, il y a la mos­quée et l’appel et la prière que sa mère ne manque jamais, car elle n’a que Dieu, cette femme belle, grande, digne, sou­mise à la tra­di­tion. « Je vou­lais savoir qui je suis » dit-il pen­dant la dis­cus­sion avec le public. Un mon­sieur, vio­lem­ment ému se lève et dit : « Je vais accom­plir un acte de soli­da­rité inter­na­tio­nale : je vous donne ma bague, elle est pour votre mère ! ».

Fin des docu­men­tai­res . 21H30 à l’ABC : L’Afrique vue par – col­lec­tif de cinéas­tes afri­cains, Algérie
On se compte dans cette grande salle, il est vrai qu’à la même heure la concur­rence est forte dans les autres ciné­mas. 10 réa­li­sa­teurs, 10 pays, 10 mes­sa­ges. Le spec­ta­teur embar­qué au gré des flots, tris­tes, joyeux, poli­ti­ques, badins, graves, uni­ver­sels, plein d’espoir ou de fureur…Lire l’ana­lyse par ailleurs
Je sens des piqu­res sur mes bras, des four­mis dans les jambes…Au moment où la lumière revient deux magni­fi­ques chats pren­nent la pause devant l’écran. Ici, ils sont chez eux !

M.S.

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