On le sait depuis la session des JCC 2008, la salle du beau Théâtre Municipal est devenue trop petite pour contenir tout ce que Tunis compte de professionnels du cinéma, invités, notables et personnages incontournables. Certes la cérémonie est retransmise, mais avouez que l’effet est différent ! Casse tête garanti pour le staff. Dehors, le tapis rouge sur les marches et au travers de l’avenue, les caméras, les statues vivantes, et les heureux conviés sur leur 31.
Le jury jeune
Décalage horaire ou pas, la cérémonie annoncée à 19H30 commence à 20H30, soit une heure de retard pétante. Retard qu’on va s’employer à rattraper par la suite. Les discours sont succincts : merci au Ministre de la Culture qui donne le ton. Cette année est l’année de la jeunesse et du cinéma en Tunisie. Présentation des jurys. Celui des jeunes : 8 enfants entre 11 et 14 ans sélectionnés par leur école, ils verront les treize longs métrages de la compétition. Seuls les membres du jury des longs métrages, son président Raoul Peck en tête, sont habilités à monter sur la scène, les autres se lèvent de leur place et font un petit bonjour…Dora Bouchacha reçoit son monde, la belle jeune présentatrice en robe rouge n’est autre que sa fille, bon sang ne saurait mentir. Quelques images pour allécher et viennent alors deux chanteurs, une tunisienne et un guinéen, qui finissent par unir leur voix splendides. Heureux symbole.
Mahamat Saleh Haroun ému, monte sur scène, son film, "Un Homme qui crie", a été choisi pour ouvrir les débats. Et pendant que la lumière diminue, on assiste alors à une furieuse ruée vers la sortie, de ceux qui sans vergogne, on succombé à d’autres appels. L’obscurité survient sur des rangs clairsemés, mais vous n’en avez pas fini avec les mouvements de foule. C’est maintenant au tour des cinéphiles, bloqués devant les portes d’intégrer les places libres…Les premières images de la piscine d’Adam vous sont encore cachées par les derniers arrivés, qui en saluent d’autres, plus celles qui reviennent après avoir oublié qui, son sac, qui, son foulard, qui, son portable…Qu’on va chercher à retrouver en faisant le numéro…Car, à Tunis aussi, la célèbre et hypocrite formule : « merci de rallumer vos téléphones à la fin de la séance » est un vœu pieux, qu’on se le dise. Merci toutefois à ceux qui branchent leur vibreur, c’est un moindre mal.
Les spectateurs finissent par gagner, et on traverse le film d’Haroun, pris par le drame qui se joue. A la deuxième lecture, l’œil découvre du différent : quelle étrange scène où Adam annonce à la fiancée de son fils la décision qu’il a prise…. ! Quel étrange corps à corps ! Tout ce jaune sur la toile, on se croirait chez Van Gogh, et cette lutte chargée d’ambigüité entre deux êtres, en principe, éloignés, on ne l’avait pas vue de la même façon la première fois…
Mais que seraient les JCC sans la fête ? Justement la première est annoncée non loin. Le grand hall de la BIAT bourdonne, on cherche les buffets, les bars, les connaissances, les copains, les rendez-vous se prennent entre deux assiettes, posées, perdues, deux verres vidés, remplis, deux cartes échangées…. Le grand musicien guinéen a électrifié sa kora, dehors le temps est en train de se gâter mais on s’en moque….
Michèle Solle
Clap Noir
Association Clap Noir
18, rue de Vincennes
93100 Montreuil - France