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Vers la relance du cinéma nigérien ?
Publié le : samedi 19 décembre 2015

L’époque fruc­tueuse du cinéma nigé­rien.
Pionnier du cinéma ouest-afri­cain, le cinéma nigé­rien avait long­temps marqué le conti­nent afri­cain, si on s’en tenait aux par­ti­ci­pa­tions et prix décer­nés lors des fes­ti­vals dont le Festival Mondial des Arts Nègres au Sénégal, le Fespaco au Burkina Faso, les Journées Cinématographiques de Carthage en Tunisie, le Festival de Moscou, Cannes en France… avec les films primés tels que : La Mort de Gandji (1965) de Moustapha Alassane, Le Wazzou Polygane (1970) d’Oumarou Ganda, Etoile Noire (1975) de Djingarey Maiga, Le Medecin de Gafiré (1983) de Moustapha Diop.

Le som­meil pro­fond du cinéma nigé­rien.
Depuis cette belle époque, le cons­tat est amer, entre 1985 et 2010, où on avait assisté à un som­meil pro­fond de ce cinéma, avec une pro­duc­tion irré­gu­lière de films, un désin­té­res­se­ment des par­te­nai­res finan­ciers pour l’aide ciné­ma­to­gra­phi­que, une réo­rien­ta­tion des réa­li­sa­teurs indé­pen­dants pour le compte de la Télévision Nationale, la dis­pa­ri­tion des salles de cinéma, qui jadis, fai­saient la fierté des popu­la­tions nigé­rien­nes avec une billet­te­rie pour mobi­li­ser les res­sour­ces et péren­ni­ser l’exploi­ta­tion des salles …

Un engoue­ment pour la relance du cinéma nigé­rien.
Face aux nom­breux défis pour relan­cer le cinéma au Niger, depuis 2008, on assiste à une prise de cons­cience des auto­ri­tés pour enca­drer le cinéma nigé­rien avec la créa­tion du Centre National de la Cinématographie du Niger en 2008 , la Direction du Cinéma et de l’Audiovisuel au Ministère de la Culture des Arts et des Loisirs, la nais­sance des fes­ti­vals de cinéma (Festival Africain du Film Documentaire, , la créa­tion des asso­cia­tions de cinéma, Association Nigérienne des Ciné-clubs et Critiques du Cinéma (ANCCCC), la for­ma­tion des réa­li­sa­teurs au Niger et à l’étranger, on peut citer Boureima Soumaila, Aicha Macky, Boka Abdoulaye, tous avec un master en Réalisation Documentaire de Création de l’Université Gaston Berger de Saint Louis au Sénégal, Youssoufa Halidou Harouna, avec un master Recherche en Cinéma à l’Université Michel Montaigne de Bordeaux et en cours d’une for­ma­tion doc­to­rale en cinéma…, un engoue­ment de la jeune géné­ra­tion avec des ren­contres ciné­ma­to­gra­phi­ques, à pro­duire des films de qua­lité sans moyen consé­quent, on peut citer les films : De la vie à la mort de Ramatou Doula, L’Orpaillage de Soumaila Boureima , la par­ti­ci­pa­tion des films d’école et des réa­li­sa­teurs dans les fes­ti­vals en Afrique ( Fespaco, Clap Ivoire, film Documentaire de Blitta (FESDOB)…) et un réa­li­sa­teur Moussa Amadou Djingarey qui est régu­lier dans la pro­duc­tion des films (film d’auteur et de com­mande) chaque année.
Ces cinq der­niè­res années, malgré que cer­tains écrivent des cri­ti­ques cons­truc­ti­ves ou pas, on note la pré­sence effec­tive du Centre National de la Cinématographie du Niger pour donner un coup de pousse à ce cinéma, à tra­vers des aides finan­ciè­res non régle­men­tées et maté­riel­les à cer­tains réa­li­sa­teurs, à des struc­tu­res asso­cia­ti­ves... Et, lors des deux der­niè­res éditions du Fespaco, au compte du CNCN, la par­ti­ci­pa­tion d’une délé­ga­tion large com­po­sée de réa­li­sa­teurs dont Adamou Sadou, Amina Weira, Sani Magori, Yacouba Beidari.., du per­son­nel du CNCN avec à leur tête le Directeur Général mon­sieur Ali Damba, et des mem­bres du Conseil d’Administration. Le Ministre de la Culture des Arts et des Loisirs Abdou Ousmane et son Secrétaire Général Maï Ferdinand avaient donné une conno­ta­tion poli­ti­que à tra­vers leur pré­sence.

Le cinéma nigé­rien, hors la loi.
Mais ce cinéma n’est pas tou­jours pro­fes­sion­nel, en ce sens que les textes qui le régis­sent pour sa pro­fes­sion­na­li­sa­tion (ges­tion des droits d’auteur, archi­vage des films…) ne sont pas res­pec­tés par tous les acteurs (auto­rité, pro­duc­teur, dis­tri­bu­teur et exploi­tant). Plus de 95% des réa­li­sa­teurs pro­dui­sent sans res­pect des textes du pays, qui obli­gent tout réa­li­sa­teur à deman­der une auto­ri­sa­tion de tour­nage, un visa de dif­fu­sion déli­vrés par le Centre National de la Cinématographie du Niger (CNCN) comme ça se passe dans tous les pays du monde et on note l’absence d’une com­mis­sion de cen­sure en vue de pro­té­ger les valeurs du pays qui incombe aux auto­ri­tés. Quoi faire si la loi est bafouée par les acteurs qui veu­lent la pro­mo­tion du cinéma nigé­rien ? Il n’est pas temps de faire res­pec­ter les textes légis­la­tifs pour que les déchets que l’on cons­tate à tous les niveaux (pro­duc­tion, dis­tri­bu­tion, dif­fu­sion, ges­tion du métier) se pro­fes­sion­na­li­sent ?

Youssoufa HALIDOU HAROUNA, Critique de cinéma.

Photo : Hassia de Moussa Hamadou Djingarey © DR

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