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Une jeune génération de documentaristes en Guadeloupe
Publié le : jeudi 22 novembre 2012
Les Ateliers Varan - Caraïbe

La réa­li­sa­trice Sylvaine Dampierre ensei­gne le docu­men­taire dans le cadre des Ateliers Varan, dont la tra­di­tion est de faire du cinéma direct, sans com­men­taire. Avec Gilda Gonfier, elle a mené des ate­liers menés en Guadeloupe depuis 2010, accom­pa­gnant l’émergence d’une dou­zaine de réa­li­sa­teurs. Le musée du quai Branly à Paris pré­sen­tait le 10 novem­bre 2012 cinq court-métra­ges issu de la der­nière ses­sion, en 2012. Ces films seront visi­bles par la suite en fes­ti­vals et lors de diver­ses mani­fes­ta­tions, ainsi que sur un web­do­cu­men­taire conçu par les Ateliers Varan. Lors d’une ving­taine de pro­jec­tions en Guadeloupe, la for­ma­trice s’est réjouie de l’accueil incroya­ble réservé à ces films. «  Il y a une soif des gens à se raconter et la fonc­tion sociale du docu­men­ta­riste appa­raît comme une évidence ! ».

L’ate­lier dure sept semai­nes, les sta­giai­res sont enca­drés pour la concep­tion, la mise en place du dis­po­si­tif. Le tour­nage dure en moyenne une semaine, en s’adap­tant aux contrain­tes du réel, après de très courts repé­ra­ges. « On sait ce qu’on veut et on y va ! » sourit la for­ma­trice, qui estime que l’ate­lier est « un mur pour voir les sta­giai­res rebon­dir, voir chacun trou­ver son écriture ». Puis, on part pour huit jours de mon­tage, avec des mon­teurs formés et tra­vaillant sur place. Avec un impé­ra­tif : être dans le res­senti et sur­tout pas dans le juge­ment. Gloria Bonheur, qui a réa­lisé un film sur le zouk, Danse Lamnou, expli­que qu’elle a tourné sur deux week-end, en boîte de nuit.

Sylvaine Dampierre a pro­posé à ses sta­giai­res de conce­voir leurs films autour du thème « tour­ment d’amour ». Les cinq films pro­po­sés offrent une radio­sco­pie de la Guadeloupe telle qu’on ne la voit nulle part ailleurs, notam­ment dans le plus ori­gi­nal d’entre eux, Intrigues et pas­sions à Cité Chanzy, de Abel Bichara, qui décrit la vie d’une cité par le prisme de la télé­vi­sion, regar­dée par les ména­gè­res, allu­mée en per­ma­nence. Les films abor­dent également le thème du couple Mr et Mme Courant d’air de Cédric Michaux, de la famille Manman Kreyol de Didier Pierre et des jeunes filles Danse Lamnou de Gloria Bonheur. La jeune réa­li­sa­trice filme des filles qui s’habillent pour sortir en boîte. Leurs atten­tes, leurs codes amou­reux, leur appa­rente super­fi­cia­lité sont à l’image d’une vision des rela­tions entre hommes et femmes. La réa­li­sa­trice aurait pu se concen­trer sur ses per­son­na­ges fémi­nins, les plus forts de son court-métrage et aller plus loin en les pous­sant dans leurs retran­che­ments. Mauvais genre de Guy Gabon, film plus per­son­nel, mené par une voix off qui révèle une femme à forte per­son­na­lité, Corinne Alguedel-Jalème, pose avec humour et jus­tesse la ques­tion du genre, autour du choix du prénom.

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Didier Pierre

Sylvaine Dampierre sent une « montée en puis­sance » de ces nou­veaux talents. Elle espère pour­sui­vre ces ate­liers et conti­nuer à accom­pa­gner ces réa­li­sa­teurs, cette fois sur des pro­jets plus longs. Elle sourit : « Et puis, on les lâchera, à un moment ! ». L’un d’entre eux, Didier Pierre, qui a déjà réa­lisé deux courts-métra­ges docu­men­tai­res, est en écriture de son pre­mier 52 minu­tes. Mais il faut pour cela convain­cre les par­te­nai­res ins­ti­tu­tion­nels et les chaî­nes de télé­vi­sion. Et là, comme d’habi­tude pour le docu­men­taire de créa­tion, ça coince. La for­ma­trice confie avec une cer­taine amer­tume que dans le cadre du mois du docu­men­taire, France O devait mener une opé­ra­tion avec les films des jeunes réa­li­sa­teurs issus de l’ate­lier. Mais la chaîne aurait exigé de l’argent pour mon­trer les films !... Ambivalente, elle a paral­lè­le­ment à cela envoyé une équipe pour inter­vie­wer Didier Pierre, jeune réa­li­sa­teur pro­met­teur.

Caroline Pochon
Novembre 2012

Intrigues et pas­sions à Cité Chanzy, un film d’Abel Bichara, 2012, 18’
Dans les fau­bourgs de Pointe-à-Pitre, les jour­nées du mois d’août à la cité Chanzy sont ryth­mées par les jeux des enfants, les pro­me­na­des sur les cour­si­ves et bien sûr... les incontour­na­bles télé­no­ve­las.

Manman Kréyol, un film de Didier Pierre, 2012, 16’
Mamie a eu sa 1ère fille à l’âge de 16 ans, elle a élevé ses 10 enfants seule, à la force du poi­gnet, car ses mains ne sont « ni cou­pées, ni liées » et sans l’aide d’aucun de leurs pères. Aujourd’hui, elle a 27 petits-enfants ou 28, elle ne sait plus très bien.

M. et Mme Courant d’air, un film de Cédric Michaux, 2012, 15’
Rosette et Emile, un couple de retraité de 18 et 19 ans inver­sés nous font par­ta­ger un frag­ment de leur vie à tra­vers leur his­toire, leurs acti­vi­tés et leur amour.

Mauvais genre, un film de Guy Gabon, 2012, 19’
Je m’appelle Guy. Ce prénom de genre opposé à mon sexe fémi­nin m’a été donné par mon père. J’ai eu besoin de retour­ner dans mes sou­ve­nirs et de ren­contrer des gens comme moi pour com­pren­dre pour­quoi ce prénom est un far­deau que je porte.

Danse Lanmou, un film de Gloriah Bonheur, 2012, 18’
Le zouk, une musi­que et une danse qui pas­sion­nent nombre d’antillais, fait main­te­nant partie inté­grante de notre culture. Et en y regar­dant de plus près, la ren­contre des par­te­nai­res sur la piste de danse peut deve­nir un pré­lude à l’amour. Peut-être aussi que les codes de notre zouk ne sont que le miroir de nos rela­tions amou­reu­ses.

Distribution : Ateliers Varan (Guadeloupe)
Contact : Ateliers Varan Paris : contact chez ate­liers­va­ran.com
www.ate­liers­va­ran.com

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