Les Rencontres Internationales du Film Court (RIFIC) mettent l’accent sur la professionnalisation des créations.
Les cinéphiles et autres fans du glamour se préparent à fouler le tapis rouge, lundi soir 29 octobre à l’Institut français du Cameroun (Yaoundé). Cependant les RIFIC, Rencontres Internationales du Film Court (encore appelées Yaoundé-tout-court), festival itinérant créé en 2003 par l’Association Sud Plateau, font déjà parler d’elles. L’équipe d’organisation a lancé le 15 octobre dernier la deuxième partie de l’atelier de formation à la production audiovisuelle et cinématographique. L’atelier regroupe pendant 11 jours, six jeunes ayant un minimum de théorie ou de pratique sur le cinéma.
Gérard Désiré Nguele, producteur cinéma et consultant anime l’atelier depuis la première phase qui a débuté l’année dernière lors de la 7ème édition. Selon lui, le développement du cinéma passe davantage par celui de la production. Il estime par ailleurs que tous les métiers du cinéma doivent évoluer ensemble. "Notre environnement pêche beaucoup par les aspects de production, parce qu’une œuvre cinématographique ou audiovisuelle demande un minimum d’accompagnement par quelqu’un qui a du recul, donc un producteur", argumente Gérard Nguele. Lequel producteur devrait en conséquence être suffisamment outillé et à même de mener efficacement un projet vers son éclosion, en tenant compte des réalités environnementales.
Cette année, la formation porte sur « la production de court métrage, de l’idée à la diffusion ». L’animateur tout comme les organisateurs, a un souci de suivi après la formation des participants. « Je m’adresse à eux comme de potentiels producteurs, ça veut dire qu’après le festival, s’il y a une demande à collaborer dans notre maison de production, je suis ouvert », rassure celui qui est par ailleurs directeur de Tropic films.
Dans ce même suivi après festival, les promoteurs de Yaoundé-tout-court murissent des stratégies visant à faire circuler les œuvres projetées jusque-là pendant le festival. Raison de plus de vouloir mettre toutes les chances de leur côté, en devenant exigeant sur la professionnalisation des créations. Car si cette année, seuls les films camerounais sont en compétition, ce ne sera pas toujours le cas pour ce festival à vocation internationale. Les organisateurs disent satisfaire aux revendications du public exaspéré, lors de la dernière édition, de voir les films étrangers rafler presque tous les prix. « Nous le faisons cette année, mais ça ne sera pas toujours le cas. Justement nos cinéastes doivent comprendre que c’est un festival international et qu’ils doivent beaucoup travailler pour avoir des distinctions », rappelle le délégué général du festival, Frank Olivier Ndéma. Les différents films n’ont, par ailleurs, rien à voir avec le thème « Cinéma national et identité culturelle » sous lequel les organisateurs calquent cette 8ème édition. Le débat organisé jeudi 1er novembre permettra, on l’espère, d’en sortir édifié sur l’existence ou non d’une identité cinématographique camerounaise.
Corruption et détournement de fonds publics meublent les productions
C’est un programme de 47 films (fictions et documentaires) que les RIFIC offrent aux cinéphiles de la capitale camerounaise. De là, sortira le Grand prix Yaoundé-tout-court. Le plus prestigieux parmi les neuf que va décerner le jury. La thématique est le pâle reflet de l’atmosphère sociale et politico économique qui prévaut au Cameroun. 75% des productions traitent donc de détournement de deniers publics, de corruption, d’abus d’autorité, etc…
L’évènement grandit et aménage pour la première fois un village du festival. Le promoteur qui vise une fréquentation de 2000 personnes cette année, veut capitaliser avec des soirées où musique et projections cinématographiques, agrémentées de beignets-haricot, seront gracieusement proposés au public. Un point d’honneur étant mis sur les premières productions de réalisateurs camerounais de renom. Entre-temps, les traditionnels espaces de diffusion (le Goethe Institut, Institut français), accueillent les projections durant les cinq jours que va durer cette fête du cinéma court.
Le festival qui se veut itinérant, peine encore, jusque-là, à tenir ses projections dans les quartiers populaires de la ville. Cette fois, l’opération va permettre de jouer les prolongations. Avec le soutien du Cinéma Numérique Ambulant, les films sélectionnés seront diffusés dans certains quartiers après le festival. Malgré la bonne volonté, cet aspect pèse beaucoup sur les épaules de cette équipe dynamique mais jeune. Cette dernière qui peine d’ailleurs à réunir le budget qui avoisine les 30 millions de FCFA (45000€). Heureusement se console le délégué général, nous avons le soutien de la presse, de quelques structures étrangères et du ministère camerounais des Arts et de la culture, bien qu’il tarde à réagir.
Pélagie Ng’onana
Octobre 2012
Clap Noir
Association Clap Noir
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