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Les chroniques tunisiennes - 31 octobre
Publié le : vendredi 31 octobre 2008
22eme édition du 25 octobre au 1er novembre 2008

La fati­gue se fait sentir en ce 7ème jour des JCC. Le temps s’est mis à l’automne. Les ter­ras­ses des cafés se dépeu­plent .J’y invite pour­tant un groupe de jeunes jour­na­lis­tes croi­sés depuis le pre­mier jour. Discussions devant nos expresso (qui, ici, sont forts à réveiller les morts !). Ils pro­tes­tent contre le manque de liber­tés, les déla­teurs sont par­tout, langue de bois à tous les étages, sur­tout, ne pas effa­rou­cher le tou­riste, grand pour­voyeur de devi­ses. Des dra­peaux tuni­siens flot­tent par­tout autour de nous, bien­tôt le 7 novem­bre, fête du Changement, com­mé­mo­ra­tion de l’arri­vée de Ben Ali au pou­voir il y a 21 ans (4 man­dats !).



Leila's Birthday

15H le Mondial Compétition offi­cielle : Leila’s Birthday du pales­ti­nien Rashid Mesharaoui. Le réa­li­sa­teur, né dans la bande de Gaz en 62, a tourné son 5ème long métrage à Ramallah en début 2008, grâce à des fonds tuni­siens. L’équipe a dû faire des acro­ba­ties pour faire entrer le maté­riel et sortir les rushes par le check point israé­lien. Pourtant, il se défend d’avoir voulu faire un énième film sur le conflit israélo-pales­ti­nien.

Abu Laila serait tou­jours juge si le gou­ver­ne­ment lui payait ses salai­res…en atten­dant, il est taxi à Ramallah. Un taxi pas comme les autres. Qui oblige les pas­sa­gers à bou­cler la cein­ture, empê­che de fumer, inter­dit les armes, refuse d’aller jusqu’au check point…mais aussi un père qui, ce jour là, doit penser à l’anni­ver­saire de sa fille de 7 ans. Derrière ses lunet­tes, ses yeux sont cuits par le soleil, les soucis, on sent une vieille exas­pé­ra­tion qui confine au déses­poir. Comment vivre digne­ment dans cette ville assié­gée depuis si long­temps ? Chaque fois qu’il veut choi­sir un cadeau, ache­ter un gâteau, le quo­ti­dien de la zone le détourne de son projet. On longe le mur, une mani­fes­ta­tion barre la route, une bombe éclate, on réqui­si­tionne son taxi, il le retrouve décoré pour un mariage etc… Vecteur des plus uti­li­sés dans le cinéma, le taxi se révèle excel­lent pour mon­trer sim­ple­ment la vie de cette ville et de ses habi­tants de Palestine, en l’an de grâce 2008. Et la course est si courte ! 71 mn seu­le­ment ! Un film à hau­teur d’homme qui va droit au but !
La maison jaune © Sarah Films

21h Le Palace- com­pé­ti­tion offi­cielle : La maison Jaune de Amor Hakkar Algérie.
Encore un beau film ! Le réa­li­sa­teur a annoncé ses inten­tions : « J’ai voulu rendre les gens heu­reux ! » filmé dans les Aures, en ber­bère. Le fils de Mouloud, un paysan, (rôle tenu par le réa­li­sa­teur) a été tué dans un acci­dent. Le corps de l’apprenti gen­darme est en ville, dans l’attente des for­ma­li­tés de reconnais­sance. Laissant la famille éplorée, le père enfour­che sans atten­dre son Lambretta, une char­rette à moteur. Il est urgent d’enter­rer son enfant dans sa terre natale. Chemin fai­sant il ren­contre des gen­dar­mes, des pay­sans, un chauf­feur de taxi, le gar­dien de la morgue, chaîne humaine de soli­da­rité, pour lui per­met­tre d’accom­plir son devoir. Tout s’efface devant la dou­leur muette de ce père, silen­cieux et obs­tiné. L’his­toire avance à la vitesse de son engin, le temps est donné au deuil. Une fois le fils ense­veli dans la terre rouge, com­man­dant le père et ses filles, la mère menace de som­brer, la famille cher­che un remède à sa mélan­co­lie. Une fin en forme de conte, parce qu’il est bien légi­time de rêver !!! On se sou­vient avec ten­dresse du vieux mon­sieur d’Une Histoire Vraie de David Lynch qui tra­ver­sait les USA sur sa ton­deuse à gazon pour retrou­ver son frère une der­nière fois…

Le Palace est une grande salle avec 2 niveaux de bal­cons et ses fau­teuils sont, de loin, les plus confor­ta­bles dans les­quels je me suis assise durant ces JCC.

Petite ques­tion récur­rente : qui peut m’expli­quer pour­quoi une femme qui se retrouve assise entre deux hommes n’a JAMAIS spon­ta­né­ment droit aux accou­doirs ? Comme s’ils étaient natu­rel­le­ment acquis au bien-être de ses voi­sins ? Et ceci dans n’importe quelle salle de France ou d’ailleurs. A médi­ter !

Michèle Solle (Clap noir)

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