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Le Fespaco 2013 annonce sa sélection
Publié le : lundi 14 janvier 2013
Conférence de presse, cinémathèque française Paris

Voilà l’annonce tant attendue des films sélectionnés au Fespaco 2013.
Après une première conférence de presse sur le continent (Libreville, le 5 janvier), puis dans la capitale de l’Europe (Bruxelles, le 10 janvier), la délégation du Festival Panafricain de Ouagadougou pose aujourd’hui ses valises à Paris avant de terminer sa course par une dernière conférence le 31 janvier à Ouagadougou.

En cou­lisse, les jour­na­lis­tes bur­ki­nabè mau­gréent. Comment eux qui vivent dans le pays du Fespaco n’ont ils pas la pri­meur des infor­ma­tions ? Il y a bien eu une confé­rence de presse à Libreville au Gabon, pays d’hon­neur de cette 23e édition en raison, entre autres, du décès de Charles Mensah, pré­si­dent de la Fédération pana­fri­caine des cinéas­tes (FEPACI) l’année der­nière. Mais en retour, les jour­na­lis­tes ont seu­le­ment su que 101 films en pro­ve­nance de 35 pays avait été sélec­tion­nés. Et la liste des films gabo­nais pré­sen­tés en rétros­pec­tive incluant deux films de Charles Mensah (Ayou Ma et Elombe), deux autres de Pierre Marie Dong (Ayou Ma, co-réa­lisé avec Charles Mensah, et Demain un jour nou­veau), un film d’Imunga Ivanga, actuel direc­teur de la ciné­ma­to­gra­phie gabo­naise (Döle), un autre d’Henri Joseph Koumba Bididi (Les couilles de l’éléphant) et deux de Philippe Mory (La Cage co-réa­lisé avec Robert Darene et Les tam-tams se sont tus). Quant aux nigé­riens Oumarou Ganda (Le wazzou Polygame), Mustapha Alassane (Femme, villa, voi­ture, argent), Mustapha Diop (Le méde­cin de Gafiré), Rahmatou Keïta (Aléesi) et Djingarey Maïga (Le ven­dredi noir), ils seront eux aussi valo­ri­sés par une rétros­pec­tive.

Il y a bien eu une confé­rence de presse à Bruxelles qui n’a pas empê­ché cer­tains cinéas­tes d’envoyer des mails pour savoir ce qu’il en était de leur sélec­tion. Et la média­ti­sa­tion de Facebook où quel­ques autres cinéas­tes annon­çaient de-ci, de-là leur sélec­tion.

Alors, ce matin, à la confé­rence de presse de Paris, l’ensem­ble de la pro­fes­sion fran­çaise aura la pri­meur de la sélec­tion offi­cielle qui sera ensuite réper­cu­tée en Afrique via les ondes de RFI, les grands médias et Clap Noir ! Faut-il tou­jours passer par l’exté­rieur pour être plus fort en son pays ?

Il est vrai que la sélec­tion bur­ki­nabè est en chute libre cette année avec seu­le­ment 13 œuvres rete­nues en com­pé­ti­tion dont un seul long-métrage, Moi Zaphira d’Apolline Traoré. Alors que le cinéma natio­nal se débat avec des comé­dies sen­ti­men­ta­les bon marché qui rem­plis­sent les salles (Congé de mariage de Boubakar Diallo et Le piège de la pas­sion d’Oumar Dagnon, en com­pé­ti­tion numé­ri­que), les films qui reçoi­vent des prix à l’étranger (Espoir Voyage de Michel Zongo, Bayiri de Pierre Yaméogo) atter­ris­sent en Panorama hors-com­pé­ti­tion. Sans doute qu’un fes­ti­val natio­nal de cinéma pour­rait per­met­tre d’ouvrir le débat au sein du pays des hommes intè­gres qui n’a pas rem­porté d’Étalon de Yennenga depuis Buud Yam de Gaston Kaboré en 1997.

Retour luso­phone, émergence anglo­phone, main­tien fran­co­phone

Cette 23e sélec­tion long-métrage du Fespaco mélange des films pré­sen­tés à l’étranger dans de grands fes­ti­vals comme Le repenti de Merzak Allouache (Algérie, Festival de Cannes 2012), La piro­gue de Moussa Touré (Sénégal, Festival de Cannes 2012), Les che­vaux de Dieu de Nabil Ayouch (Maroc, Festival de Cannes 2012), Aujourd’hui d’Alain Gomis (Sénégal, Berlinale 2012), Yema de Djamila Sahraoui (Algérie, Mostra de Venise 2012), Virgin Margerida de Licinio Azevedo (Mozambique, Toronto 2012) et Le grand Kilapi de Zézé Gamboa (Angola, Toronto 2012)

Fait mar­quant à ne pas oublier, cette sélec­tion marque le retour en force des cinéas­tes luso­pho­nes trop sou­vent absents des écrans avec La répu­bli­que des enfants de Flora Gomez (Guinée Bissau), Le grand Kilapy de Zézé Gamboa et Por aqui todo bem de Pocas Pascoal (Angola). L’Ethiopie, sou­vent can­ton­née à Haile Gerima, sera cette année repré­sen­tée par un nou­veau venu, Shumete Yidnekacchew avec son film Nishan tandis que l’Ile Maurice, très rare au niveau long-métrage, pré­sen­tera Les enfants de Troumaron de Harrikrisna et Sharvan Anenden.

L’Afrique du Sud est en mino­rité avec How to steal 2 mil­lions de Charlie Vundla, le Gabon a l’hon­neur avec Le col­lier de Makoko d’Henri Joseph Koumba Bididi qu’on atten­dait depuis long­temps, le Nigéria reste dans la course avec One man’s show de Aduaka Newton Ifeanyi, et le Mali nous fait le plai­sir d’une sélec­tion malgré la situa­tion poli­ti­que hou­leuse qu’il tra­verse actuel­le­ment avec Toiles d’arai­gnée d’Ibrahima Touré. Le Maroc, lui, conti­nue de tirer la pro­duc­tion afri­caine vers le haut avec trois films en com­pé­ti­tion long-métrage : Androman... de sang et de char­bon d’Azlarabe Alaoui Lamharzi, Les che­vaux de Dieu de Nabil Ayouch et Love in the médina d’Abdelhaï Laraki.

Au final, le Fespaco n’a pas réduit sa sélec­tion de films longs-métra­ges (19 issus de 14 pays) mais l’a ouverte, dans une seconde sec­tion inti­tu­lée Fiction numé­ri­que (18 films issus de 15 pays) à cette fameuse caté­go­rie de films numé­ri­ques qui ne peu­vent pré­ten­dre à la com­pé­ti­tion 35mm. Cette sélec­tion numé­ri­que recense d’ailleurs quel­ques films primés cette année (Matière grise du rwan­dais Kivu Ruhorahoza) ou sélec­tion­nés (Zabana de l’algé­rien Saïd Ould-Khelifa) à l’étranger mais nous don­nera sur­tout à voir un grand nombre de films anglo­pho­nes, du Nigéria (Heroes and Zeros d’Adeniji Akanni) à l’Afrique du Sud (Inside Story de Nikiwe Rolie) en pas­sant par plu­sieurs pays en pleine crois­sance ciné­ma­to­gra­phi­que comme le Zimbabwe (Playing Warriors de Rumbi Katedza), le Kenya (The Captain of Nakara de Bob Nyanja), l’Ouganda (The Ugandan de Patrick Sekyaya) et la Tanzanie (Zamora de Bhanji Shams).

Il serait bien trop long de parler ici de chacun des 101 films sélec­tion­nés, aussi vaut-il mieux sou­li­gner les pays refai­sant sur­face après des années de silence comme Madagascar avec 3 films en com­pé­ti­tion (Malagasy Mankany d’Haminiaina Ratovoarivony en fic­tion numé­ri­que ; La pho­to­gra­phie de David Randriamanana en court-métrage et Le prix de l’effort d’Hervé Adrien, gagnant des der­niè­res Rencontres du Film Court de Madagascar, en docu­men­taire).

Djibouti sera repré­senté par Lula Ali Ismaïl dans la caté­go­rie court-métrage avec Laan, la Côte d’Ivoire sera en fic­tion numé­ri­que avec Et si Dieu n’exis­tait pas... !? d’Alain Guickou ; la Namibie émergera en court-métrage (Try de Joël Haikali) tout comme la Centrafrique (Une cou­leur de vie d’Hurel Régis Beninga) tandis qu’une nou­velle école de cinéma fera son appa­ri­tion dans la caté­go­rie Films des écoles créée en 2011, l’ECRAN du Togo.

Alors que les pays du Maghreb mar­quent leur pré­sence dans la com­pé­ti­tion, l’Égypte se retrouve en Panorama long-métrage hors-com­pé­ti­tion avec Bab Sharki d’Ahmed Atef. Le double gagnant consé­cu­tif de la sec­tion Diaspora (le réa­li­sa­teur haï­tien Arnold Antonin) a cette fois-ci bas­culé hors-com­pé­ti­tion, tout comme l’algé­rienne Fatma Zohra Zamoum (double prix spé­cial 2007 au Fespaco), le sud-afri­cain Teboho Edkins (meilleur docu­men­taire à Cordoba 2012) ou encore le bur­ki­nabè Adama Salle (vain­queur de la caté­go­rie Films des écoles 2011).
La com­pé­ti­tion offi­cielle leur revien­dra peut-être de droit en 2015. En atten­dant, la 23e édition du Fespaco célé­brera d’autres cinéas­tes du 23 février au 2 mars 2013.

Claire Diao

Liste des films en com­pé­ti­tion offi­cielle

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