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L’espoir de l’Afrique viendrait-ils des femmes ?
Publié le : dimanche 29 décembre 2013
Amiens 2013

Le 33eme fes­ti­val inter­na­tio­nal du film d’Amiens offre ses écrans aux ciné­mas du monde entier. Lancé en 1980 avec un hom­mage à Merzach Allouache, il a chaque année consa­cré les hon­neurs à des ciné­ma­to­gra­phies du monde : Brésil, Irlande, Caraïbes, Portugal, Congo Belge, Mexique, etc...
Cette année, la com­pé­ti­tion ras­sem­ble A gente (Brésil), Bôbo(Portugal), El condor Pasa (Corée du Sud), La vida des­puès (Mexique), Leçons d’har­mo­nie de Emir Baigazin (Kazakhstan/Allemagne) Licorne d’or, When I saw you (Palestine), Of horses and men de Benedikt Erlingsson (Islande/Allemagne), Prix de la ville d’Amiens et prix d’inter­pré­ta­tion fémi­nine pour la comé­dienne Charlotte Boving...

« Depuis ses débuts, le fes­ti­val inter­na­tio­nal du film d’Amiens tient à faire un état des lieux de la créa­tion ciné­ma­to­gra­phi­que du conti­nent afri­cain » annonce un cata­lo­gue, tou­jours aussi riche et fourni malgré les temps de crise. Mais dans la sélec­tion, seuls deux films afri­cains concou­rent cette année.

En avant-pre­mière, le fes­ti­val pré­sente le film de la franco-séné­ga­laise Dyana Gaye Des étoiles (Sénégal, Belgique, France), sou­tenu par la fon­da­tion Gan en 2012. Réalités et espoir de l’émigration, à tra­vers trois per­son­na­ges, dans trois villes dif­fé­ren­tes.(lire la cri­ti­que)
La réa­li­sa­trice franco-séné­ga­laise Mati Diop dresse dans son moyen-métrage poé­ti­que Mille soleils un por­trait-hom­mage à son oncle Djibril Diop Mambéty, auteur du film Touki Bouki, en retrou­vant le comé­dien du film près de qua­rante années plus tard à Dakar. Le film, chargé d’une grâce fra­gile et très impré­gné de « l’esprit de Djibril », pour­rait-on dire, a obtenu le prix du Moyen Métrage.(Lire la cri­ti­que)
Ainsi, l’Afrique serait aujourd’hui repré­sen­tée par une nou­velle géné­ra­tion de cinéas­tes : toutes deux des femmes jeunes, toutes deux ayant vécu une partie de leur vie en France, un regard métis et riche de ces exils suc­ces­sifs, dont trai­tent d’ailleurs leurs films.

Pour ce qui concerne la créa­tion ciné­ma­to­gra­phi­que venue du conti­nent, c’est un peu le vide. La pro­duc­tion afri­caine 2012 est pré­sente : on peut voir le film de Zézé Gamboa, Le grand Kilapi (Angola, Portugal, Brésil), une comé­die légère tein­tée de nos­tal­gie qui nous
plonge dans la Lisbonne de Salazar, en sui­vant les aven­tu­res de Joazinho, un beau gosse, jouis­seur inno­cent, flir­tant avec le mou­ve­ment révo­lu­tion­naire de libé­ra­tion de L’Angola. Ou le film de Flora Gomes La répu­bli­que des enfants (Guinée Bissau), sur les enfants livrés à eux-mêmes. Les enfants de Troumaron, de Harrikrishna et Sharvan Aneden (île Maurice) dres­sent un por­trait de la jeu­nesse prise en tenaille dans l’île entre chô­mage, misère et vio­lence. Un film à forte ambiance de "quar­tier" avec de belles cou­leurs, des beaux acteurs, qui tend à l’uni­ver­sel.
Mais en 2013, il n’y a guère de nou­veauté à décou­vrir en fic­tion pour le conti­nent. Le fes­ti­val a rendu cette année hom­mage aux ciné­mas d’Afrique du Sud, en re-pro­je­tant les films de Ramadan Suleman (Fools, Lettre d’amour zoulou, Zwelidumile) et en offrant également à voir les films de Olivier Schmitz et Oliver Hermanus (Shirley Adams, Beauty). En avant-pre­mière, on pou­vait voir Layla, le long-métrage de Pia Marais. Noirs ou Blancs, les cinéas­tes sud-afri­cains sont hantés par la ques­tion raciale.

En docu­men­taire, Jean-Marie Teno pré­sente son opus 2013 : Une feuille dans le vent, por­trait d’Ernest Ouandié, figure tra­gi­que de la lutte pour l’indé­pen­dance du Cameroun, à tra­vers une ren­contre avec sa fille (lire la cri­ti­que).Angola, année zéro du réa­li­sa­teur cubain Ever Miranda dresse le por­trait d’un pays sor­tant de trente ans de guerre civile. Dans La femme à la caméra, Karima Zoubir filme une femme qui filme des maria­ges, pour vivre...

Les femmes fil­ment, s’empa­rent de la caméra, pour raconter des his­toi­res à leur manière. En tout cas, passer de l’objet que l’on filme, que l’on magni­fie ou que l’on plaint à être celle qui s’empare de l’outil est en soi une petite révo­lu­tion cultu­relle. Elle est déjà bien enga­gée en France et dans les pays occi­den­taux, même si
les femmes cinéas­tes res­tent mino­ri­tai­res. En Afrique, cela émerge. Les nou­vel­les géné­ra­tions pous­sent les portes.

Caroline Pochon

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