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Fespachrono - 4
Publié le : mercredi 27 février 2013
Chroniques du Fespaco 2013

Un Bekolo peut en cacher un autre

Dans un Fespaco idéal, il n’y aurait plus de conver­sa­tions com­men­çant par : « Et là, tu as la connexion ? ». Aux der­niè­res nou­vel­les, pas la peine de rêver du spot mira­cu­leux, le pro­blème serait géné­ral à Ouaga, un câble, quel­que part etc...Toujours la lune sans doute. Et des temps de réponse si longs qu’ils font regret­ter de s’être lancée dans cette chro­ni­que quo­ti­dienne ! ...
Ce mardi donc, ma jour­née de ciné­phile a com­mencé vers 15h au Ciné Burkina, où je rentre à l’aveu­gle. La séance des courts métra­ges est déjà com­men­cée : « Laan », de Lula Ali Ismail, de Djibouti, et « Trapped » de Mansan Gomont de Côte d’Ivoire. Intéressants et mala­droits

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Ciné Burkina
Jury LM : Victor Okhai et Euzhan Palcy

16h Ciné Burkina , LM fic­tion en com­pé­ti­tion : « Androman...de sang et de char­bon » du réa­li­sa­teur maro­cain, Azlarabe Alaoui Lamharzi.
Un conseil : ne jamais se lais­ser arrê­ter par les résu­més le plus sou­vent désas­treux qui fleu­ris­sent dans les cata­lo­gues. Faire confiance et pren­dre des ris­ques...Au pied de l’Atlas, pour garder sa terre, un cruel char­bon­nier nie le sexe de sa fille et la trans­forme en garçon ; les consé­quen­ces en seront ter­ri­bles. D’une légende maro­caine, l’auteur donne un œuvre épique et belle, qui empoi­gne lar­ge­ment les grands thèmes uni­ver­sels : la filia­tion, la condi­tion des femmes, la place de l’indi­vidu dans une com­mu­nauté. Étrangement moderne, le thème de l’andro­gy­nie, ici impo­sée, permet au scé­na­rio d’ouvrir sur les ter­rains sen­si­bles de la tolé­rance, l’hypo­cri­sie, le cou­rage. Une actrice magni­fi­que contri­bue lar­ge­ment à la force de cette fres­que. Je sors de la salle enthou­siaste !

18h30 au maquis du CNA, quar­tier du Neerwaya. Le taxi fait un grand détour dans la pous­sière qui rou­geoie, embou­teilla­ges...et ces motos trop nom­breu­ses qui lui enlè­vent des clients ! Je suis venue voir la pro­jec­tion du film de Jean-Pierre Bekolo, « Quartier Mozart », en rat­tra­page... Petit salut à équipe du CNA : Kadidja dont j’avais par­tagé la tour­née autour de Sikasso il y a 8 ans, et Julien ren­contré en décem­bre à Dakar. Voilà que l’Institut Goethe a pro­grammé l’avant pre­mière du « Président », même jour même heure, le der­nier film du réa­li­sa­teur. Encore bravo à l’orga­ni­sa­tion ! Les gens du CNA s’arra­chent les che­veux, mais assu­rent. La dis­cus­sion habi­tuelle avec le public se fera avant la pro­jec­tion, et J.P.B. sau­tera dans une voi­ture pour pré­sen­ter « le Président » à l’ins­ti­tut Allemand.
Gros dilemme, entre « Quartier Mozart » tourné en 92 et « le Président » que per­sonne n’a encore vu, (seule pro­jec­tion pen­dant le Fespaco) je choi­sis le der­nier et tape l’incruste. Une fois la pré­sen­ta­tion ter­mi­née, nous sau­tons dans le 4x4 du CNA direc­tion l’autre bout de Ouaga. Las, le chauf­feur est malien et aucun de nous trois ne connaît le chemin… La ten­sion monte...
Ouf, on arrive dans le jardin du Goethe Institut avec les pre­miè­res images.

20h « Le Président » de Jean-Pierre Bekolo, hors fes­ti­val. Un exer­cice de poli­ti­que fic­tion, ron­de­ment, cou­ra­geu­se­ment, et naï­ve­ment mené. Revenu au Cameroun, le réa­li­sa­teur tente une expé­rience : un cinéaste seul, peut-il chan­ger le cours des choses ? En ima­gi­nant la dis­pa­ri­tion d’un pré­si­dent dont la pré­sence à la tête de l’état depuis 42 ans (dans le film, 32 au Cameroun) étouffe tout idée de pro­grès, Bekolo prend ses désirs pour des réa­li­tés. Et même si la réa­lité a dépassé la fic­tion, car Paul Biya a réel­le­ment dis­paru pen­dant 3 mois, on n’en est encore qu’à des vœux pieux.
Dans un pays déso­rienté, où les médias s’empa­rent de l’évènement et le trans­for­ment en sus­pense, Bekolo, conduit son Président, de témoins du passé, son ex-épouse
qu’il a aban­­don­­née, son com­­plice, aujourd’hui en prison, en
vic­ti­mes de sa poli­­ti­­que, le chef de l’oppo­­si­­tion, les jeunes et
leur héraut le rap­­peur Valsero. On n’en peut plus, rend nous
l’espoir ! On frôle le « Dégage ! » des réseaux sociaux tuni­siens. Espoir final, le beau dis­cours de la femme qui brigue le pou­voir. La forme ? ...mul­ti­forme ! A des spots TV ner­veux, tous écrans éclatés, suc­cè­dent des longs plans de bala­des ryth­mées par le rap. Jean-Pierre Bekolo ne se refuse rien. Longue dis­cus­sion dans le jardin de Goethe où les gre­nouilles font du tapage noc­turne.

Petit tour à L’Indé qui ne se res­sem­ble plus depuis qu’il est Azalay. La nuit du court métrage ne fait que com­men­cer, et même pas autour de la pis­cine, les dis­cours sont pom­peux et l’ambiance à venir...Je fuis, saute sur une moto qui passe, vite un der­nier film !

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Institut français Méliès
Exposition dans le patio

22h30 Amphithéâtre du Méliès : Hamou-Beya, docu­men­taire en com­pé­ti­tion, d’Andrey Diarra, Mali. Transfuge d’Africadoc, le jeune réa­li­sa­teur, Bozo, choi­sit de parler de ses frères pêcheurs obli­gés par la baisse des eaux à cher­cher du tra­vail aux alen­tours de Bamako. Pour le compte d’entre­pre­neurs, ils plon­gent pour rame­ner le sable du fond du fleuve. La lune a pris de la hau­teur, et l’assis­tance se relaxe devant le miroi­te­ment de l’eau...
Question du jour : pour Alger, on dit la ville d’Alger, alors pour­quoi ne dit-on pas la ville d’Ouagadougou ?

Michèle Solle

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