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Le rôle majeur des salles
Publié le : vendredi 3 mars 2017
Fespaco 2017

Le Fespaco ... devant mon petit écran

Le Fespaco suit son cours dans la bonne ambiance. Devant mon petit écran, je pro­fite des dif­fé­ren­tes chai­nes pour appré­cier les quel­ques films d’Afrique pro­gram­més. Je regarde aussi les repor­ta­ges sur les évènements mar­quants du Festival. Une image m’a accro­chée. Il s’agit du tapis rouge. Ce fameux tapis rouge sis au Ciné Burkina qui mène à un podium où les réa­li­sa­teurs et les acteurs des films en com­pé­ti­tion doi­vent poser pour les pho­to­gra­phes.
Lors de la pro­jec­tion du film d’ouver­ture du fes­ti­val, Apolline Traoré et son équipe étaient sur le tapis, mais très peu de pho­to­gra­phe. Je me suis ques­tionné. Où sont-ils les pho­to­gra­phes qui doi­vent mettre à la lumière nos stars ? Où sont-ils les ciné­phi­les, les camé­ra­mans qui, à l’image du tapis rouge de Cannes ou des grands fes­ti­vals d’ailleurs, accueillent les acteurs et les invi­tent à poser ? Est-ce un pro­blème d’orga­ni­sa­tion ou d’habi­tude ?

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Devant le Ciné Burkina
Gérard Essomba et Tatiana Gong

Gérard Essomba disait, dans une inter­view qu’il a accor­dée à une chaine bur­ki­nabè, qu’il a l’impres­sion que le public ne vit pas, ne célè­bre pas la fête. Les gens sont trop silen­cieux. Il don­nait son impres­sion à la suite de la céré­mo­nie d’ouver­ture. Si nous vou­lons un cinéma qui se déve­loppe et se fasse connai­tre à l’inter­na­tio­nal, si nous vou­lons des acteurs et actri­ces reconnues, il nous faut les célé­brer en les met­tant en vedette. Quoi de mieux que ce tapis rouge pour les accueillir, les invi­ter à faire des photos. Pour cela, il faut que les médias par­ti­ci­pent aux jeux. Il faut que les pho­to­gra­phes de presse se retrou­vent au bon endroit et au bon moment pour des photos qui seront dif­fu­sées dans les maga­zi­nes people. C’est par ce biais que les ciné­phi­les et la popu­la­tion auront de belles photos des stars, des pos­ters à affi­cher dans les cham­bres et des peti­tes cartes à échanger avec les copains.

Il y a un autre sujet assez inté­res­sant traité par les médias. Il s’agit du pro­blème des salles. Au Burkina Faso, sous la révo­lu­tion de Thomas Sankara, le pays avait plus d’une cin­quan­taine de salles de cinéma. Aujourd’hui, il en reste moins d’une dizaine. Cette situa­tion est la même dans la majo­rité des pays afri­cains. Alors, quel est le pro­blème ? Pourquoi les salles de cinéma ont toutes fini par être fer­mées dans nos villes ? Il est dif­fi­cile de donner des répon­ses à cette ques­tion si nous ne pre­nons pas le temps de faire une réelle ana­lyse des causes du mal. Là n’est pas notre propos.

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Le Neerwaya
L’entrée avec son tapis rouge

L’his­toire nous dit que les États afri­cains se sont désen­ga­gés dans la ges­tion des salles de cinéma. Il nous semble impor­tant de sou­li­gner qu’aucun peuple ne peut s’épanouir sans la culture, et que cette culture est gérée ou doit être géré, ne serait-ce qu’en partie, par l’État. C’est bien pour cela que nous avons des minis­tè­res de la culture. De la même manière que des stades sont cons­truits par des gou­ver­ne­ments, il faut aussi cons­truire des cen­tres cultu­rels mul­ti­fonc­tion­nels qui feront aussi office de salle de pro­jec­tion ciné­ma­to­gra­phi­que. Si le cinéma n’est pas ins­crit dans les poli­ti­ques des gou­ver­ne­ments, il ne faut pas rêver. Rien ne se fera et les salles se limi­te­ront aux gran­des villes et aux capi­ta­les.

Construire des salles de pro­jec­tion doit aussi rimer avec une ampli­fi­ca­tion de la pro­duc­tion des films loca­le­ment et la mise en place des cir­cuits de dis­tri­bu­tion de qua­lité. Le Nollywood offre déjà un large réper­toire de films. Nollywood, Bollywood et Hollywood don­ne­ront à voir.
Mais, il est impor­tant de réser­ver une place à la pro­duc­tion locale. D’où la néces­sité de penser vrai­ment la pro­duc­tion ciné­ma­to­gra­phi­que sous l’angle entre­pre­neu­riale, car de l’argent, il en faut pour faire des films et conti­nuer à en faire.
Malheureusement, les cir­cuits de dis­tri­bu­tion sont embryon­nai­res au Burkina Faso. Et les dis­tri­bu­teurs du conti­nent ainsi que les ache­teurs de pro­gram­mes sont majo­ri­tai­re­ment anglo­pho­nes. Côté fran­co­phone, on sent un fré­mis­se­ment du marché notam­ment avec Côte Ouest audio­vi­suel (Côte d’Ivoire) , DIFFA (groupe Lagardère) et Patou Film International de JR Patoudem, pré­sents au MICA.

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Le Ciné Burkina

Cette année, le Fespaco s’appuie sur les salles de ciné­mas his­to­ri­ques, le Ciné Burkina, le Neerwaya et l’Institut Français ainsi que la salle du Conseil Burkinabè des Chargeurs, la salle du Palais de la Jeunesse et de la Culture « Jean pierre Guigané » et la salle du CENASA. Une nou­velle salle CanalOlympia est de la partie. Mais plus de pro­jec­tions aux ciné­mas en plein air de Tampouy et ailleurs comme nous avions l’habi­tude. Le Fespaco doit pou­voir pro­fi­ter à tous, notam­ment dans les quar­tiers de Ouagadougou. De nom­breux films de la sélec­tion 2017, racontant des his­toi­res pro­pres à leur public pour­raient être pro­je­tés dans ces salles. La faute au numé­ri­que ? Non, bien sûr, cette tech­no­lo­gie permet jus­te­ment de dif­fu­ser les films plus faci­le­ment.

Le Fespaco est un fes­ti­val popu­laire. Il est temps que les films aillent vers les ciné­phi­les, à tra­vers toute la ville de Ouagadougou. Il est temps que le Fespaco soit le déclen­cheur de la démo­cra­ti­sa­tion du cinéma dans toutes les contrées afri­cai­nes. A l’image du sou­lè­ve­ment popu­laire que le Burkina a connu, nous devons aller vers un sou­lè­ve­ment popu­laire des ciné­mas d’Afrique afin que ce per­pé­tue le rêve que permet le cinéma.

Achille Kouawo

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