Vendredi 1er mars : Prix spéciaux
La remise des prix spéciaux est désormais une cérémonie à part entière. Pour accéder aux vélums du centre de la BCEAO à Ouaga 2000, il faut montrer patte blanche. Officiels, membres des jurys et invités du Festival sont conviés autour de tables rondes pendant que se succèdent sur le podium les acteurs de cette séance préliminaire au palmarès de demain. Ici se dévoilent les tendances.
La chaleur flingue la ville. A la table des invités, l’acteur français, Christophe Malavoy, pour la première fois au Burkina : « Quel est votre film préféré ? » Il hoche la tête, gêné : son séjour a été entièrement consacré à des visites et réunions, il n’a vu que deux films, répond-il sans les citer...Du coup, on n’ose plus poser la question à une brochette de célébrités françaises assises à la table du producteur Dominique Besnehard, dont Macha Meril et le directeur de théâtre Jean-Michel Ribes. Litanie de discours de tout poil, ponctuée d’annonces et de moments de triomphe, certains n’y résistent pas et quittent la table bien avant la fin...
On se souviendra de l’arrivée de Souleymane Cissé, réalisateur malien, président du jury de l’UEMOA de sa déclaration liminaire : « Nous avons été éblouis... » Ce jury là a demandé à l’union des banques de doubler la somme allouée pour pouvoir décerner deux prix ex æquo aux films sénégalais : La pirogue de Moussa Toure et Tey d’Alain Gomis, ce dernier remportant aussi le prix de L’INALCO ...
On se souviendra du poing levé de Nadia El Fani recevant son prix des mains de la présidente espagnole de la Fondation des Femmes pour l’Afrique pour son film Même pas mal. On se souviendra que la Fédération Africaine des Critiques de cinéma et RFI a donné son prix au réalisateur nigérian Aduaka Newton Ifeany pour son film One man’s show.
On entendra , encore, la rumeur qui menace les longs métrages non kinescopés d’être retirés la compétition officielle ...
Samedi 2 mars . Palmarès officiel
Stade du IV août, le lendemain, cérémonie de clôture en présence du Chef de l’État venu compter ses troupes. Cérémonial, décorum et musique omniprésente. Un jour peut-être, un organisateur admirateur de Versailles, installera les grandes eaux sur la pelouse du stade, on n’en n’est pas loin. Les tribunes officielles à l’ombre, sont blindées, les autres au soleil, vides...
Arrivée en calèche d’Euzhan Palcy, présidente du Jury et femme de cinéma martiniquaise, splendide, vêtue d’une robe de conte de fées . Le reste à l’avenant. Montée du suspense. Petit sondage au niveau du gazon où sont parqués les journalistes : La pirogue et les Chevaux de Dieu, deux titres qui ont la côte.
Au fait il n’y a pas de prix du public dans ce festival de cinéma ?
Discours de la présidente qui met la barre très haut. Elle rend hommage au public, salue les ministres étrangers et loue la décision de l’organisation d’avoir confié la présidence de tous les jurys de cette 23ème édition à des femmes.
Quelques moments forts : les deux premiers prix annoncés, celui des USA et celui de la CEDEAO vont à Moussa Touré pour la Pirogue. Il dédie son triomphe à son père et à tous les autres réalisateurs Sénégalais à commencer par Ousmane Sembène et Djibril Diop Mambety.
Le prix de L’union Europénne est pour la réalisatrice angolaise Pocas Pascoal pour son film Por Aqui tudo bem , ce choix me va droit au cœur : on peut avoir ses chouchous...
Ibrahima Touré, réalisateur malien reçoit le prix de l’Union Africaine pour son film Toiles d’araignées, il est tellement ému qu’il en remercie par 3 fois l’Union ...Européenne, déchaînant un fou rire général. Lapsus compréhensible car c’est l’UE qui l’a produit. Plus tard, son film aura encore la mention spéciale du Jury .
Le prix de la meilleure affiche, au film congolais Le Collier du Makoko tiens donc ! Et celui du meilleur son aussi …
Le prix du scénario aux Chevaux de Dieu, le public sera content !
Saul Williams n’est pas là pour recevoir son prix interprétation dans Tey, c’est Alain Gomis le réalisateur qui monte...
Mariam Ouédraogo, par contre, est bien là pour recevoir le prix de l’interprétation féminine dans le film Moi Zaphira, film burkinabè d’Apolline Traoré. On n’oubliera pas l’explosion de sa joie, hurlée, chantée et dansée de la jeune fille. Elle saute sur la scène comme une flamme dans sa robe orange, et du feu d’artifice de ses déclarations émergent clairement ces derniers mots : « Maman, je t’aime »
Belle apparition d’Osvalde Lewat, la présidente du jury documentaire, qui commence par la fin. Troisième prix, Mamadou Dia de William M’Baye, Sénégal, il monte sur scène avec son épouse et collaboratrice . Deuxième à Calypso Rose, The Lioness of the Jungle de Pascale Obolo, Cameroun, qui saute au cou d’Osvalde. Et, dans le plus grand suspense...le premier prix est décerné à... Nadia El Fani pour Même pas mal ! C’est une guerrière qui monte les marches, très émue, la tunisienne interdite dans son pays et que les JCC n’ont jamais sélectionnée, peut savourer sa victoire. Ici à Ouagadougou elle a été entendue : « C’est un cadeau pour la Tunisie des Lumières ! » Message reçu par le nouveau directeur des JCC qui fait son apparition peu après ?
La nuit est tombée, la tribune d’en face se remplit doucement et on arrive au point culminant de la soirée. Les paris vont bon train. La parole est à la présidente : Le Bronze à La Pirogue qui repart couvert de lauriers !
L’Argent à Yema. Pour la première fois dans l’histoire du Fespaco une femme gagne un étalon. Petite silhouette, voix cassée par l’émotion, Djamila Sahraoui, remporte ce soir, outre cette statuette mythique, le prix de la meilleure image et une mention spéciale pour son interprétation dans le film. La mère, Yema, c’est elle !
L’Or à Tey d’Alain Gomis, Sénégal. Un grand bond sur scène pour le grand gagnant, son film repart avec 4 prix . Il est aux anges et remercie tous ceux qui l’ont aidé, parmi eux Idrissa Ouédraogo...
Trois bonnes nouvelles avant de partir fêter le triomphe du cinéma sénégalais et la présence éclatante des femmes à tous les niveaux de cet évènement :
A partir de la 24ème édition, les films tournés en numérique seront acceptés dans la compétition....ainsi que ceux de la diaspora. Les prix verront leur montant multiplié par deux ! Alleluyah !
Le pelouse est envahie d’une foule de comédiens peints en blancs...les ouagalais ont envahi les tribunes, le dernier feu d’artifice éclaire la nuit...
Quelques soucis pour s’extirper de la foule...
Michèle Solle
Voir la cérémonie de clôture en images La cérémonie de clôture 2013 en images
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