Amina Weira
Publié le : samedi 2 mars 2019
« C’est le cinéma qui m’a choisi, je ne l’ai pas choisi. Apparemment nous faisons bon ménage »

Amina Weira est une jeune réa­li­sa­trice nigé­rienne. Elle avait d’abord caressé l’espoir d’être un jour géo­lo­gue avant de se lais­ser happer par la pas­sion du cinéma. Après des études en mon­tage et en réa­li­sa­tion docu­men­taire de créa­tion au Niger et au Sénégal, Amina a mul­ti­plié les for­ma­tions pour par­faire sa maî­trise en réa­li­sa­tion de courts et longs métra­ges docu­men­tai­res. Un de ses films « La colère dans le vent » l’a sorti de l’ombre.

Clap Noir : Quel a été ton par­cours ?

Amina Weira : Après avoir décro­ché mon bac­ca­lau­réat, je n’ai pas choisi le cinéma. Je vou­lais étudier la géo­lo­gie. J’ai donc pos­tulé à l’Ecole des Mines et de la Géologie (EMIG) de Niamey au Niger. Je n’avais mal­heu­reu­se­ment pas été rete­nue. Je me suis par la suite ins­crite à l’Institut de Formation aux Techniques de l’Information et de la Communication (IFTIC) dans la filière tech­nico-artis­ti­que, sec­tion mon­tage. J’ai donc com­mencé par le mon­tage. Après ma licence je vou­lais conti­nuer en mon­tage mais je n’avais pas trouvé d’école dans la sous-région pour pou­voir conti­nuer un master en mon­tage. Par la suite, l’IFTIC a ouvert un master en réa­li­sa­tion docu­men­taire de créa­tion. Je me suis dit pour­quoi ne pas faire la réa­li­sa­tion car nos for­ma­teurs ont l’habi­tude de nous dire qu’un bon mon­teur doit être un bon réa­li­sa­teur et du coup je me suis dit que je vais faire de la réa­li­sa­tion pour com­plé­ter ma for­ma­tion en mon­tage. C’est là que j’ai fait le master en réa­li­sa­tion docu­men­taire de créa­tion à l’IFTIC. Après le master 1, j’ai pos­tulé pour un master 2 au Sénégal avec un projet de film docu­men­taire. C’est sur­tout pen­dant que je fai­sais mon master 2 que j’ai décou­vert le cinéma et de fond en comble le docu­men­taire. C’est sin­cè­re­ment en ce moment là que j’ai eu l’amour du docu­men­taire. Avant je regar­dais des films mais c’est plus des fic­tions. Durant cette for­ma­tion nous avons beau­coup visionné les films de nos pion­niers tels que Sembène Ousmane ce qui a fait que j’ai pris goût au docu­men­taire mais sur­tout au cinéma afri­cain. Après ma for­ma­tion en master 2 j’étais sortie avec un film docu­men­taire, un court métrage « C’est pos­si­ble ». Avec ce film j’ai sillonné plu­sieurs fes­ti­vals, ce succès m’a donné plus de cou­rage pour conti­nuer. Pour me résu­mer, je dirai que c’est le cinéma qui m’a choisi, je ne l’ai pas choisi. Apparemment nous fai­sons bon ménage.

Clap Noir : Quels sont tes sujets de pré­di­lec­tion ?

Amina Weira  : Après mon master 2 j’étais sortie également avec un projet de film moyen métrage. Après ça j’ai eu la chance d’assis­ter à un pitch de Africa Docs j’ai eu la chance de trou­ver des pro­duc­teurs. Généralement mes thèmes ont tou­jours un lien avec l’envi­ron­ne­ment. J’ai eu à faire trois courts métra­ges, les deux trai­tent de l’envi­ron­ne­ment, de la nature. Mon pre­mier film d’école, est « La musi­que des films (2011) », ensuite « Des études aux miels (2012) », « C’est pos­si­ble, en 2013 ». Mon troi­sième film aussi a porté sur l’envi­ron­ne­ment c’est « La colère dans le vent (2016) ». Ce film traite des consé­quen­ces envi­ron­ne­men­ta­les et sani­tai­res dans la ville d’Arlit au Niger, une ville dans laquelle j’ai grandi. Pourquoi des thèmes liés à l’envi­ron­ne­ment ? Parce que j’ai des ori­gi­nes noma­des et pour moi la nature et l’envi­ron­ne­ment sont des choses impor­tan­tes qu’il faut pré­ser­ver.

Clap Noir : Parle-nous de « La colère dans le vent »

Amina Weira : C’est mon pre­mier film long métrage en tant que pro­fes­sion­nelle. Après l’avoir fait, je n’avais jamais pensé qu’il allait faire autant de fes­ti­vals, qu’il allait avoir des prix… j’ai passé trois ans à l’écrire. J’ai été très sur­prise qu’il soit appré­cié et demandé dans les fes­ti­vals et par les asso­cia­tions parce que j’ai traité d’une thé­ma­ti­que qui inté­resse pas mal d’orga­nis­mes inter­na­tio­naux sur­tout du côté de la France et de la Suisse. A tra­vers ce film, je me suis fait connaî­tre en tant que réa­li­sa­trice et j’ai fait connaî­tre le Niger. Ça nous encou­rage et on se dit que c’est quel­que chose d’utile que l’on fait. J’aime sur­tout les débats avec mon public après les pro­jec­tions. Ça nous enri­chis de savoir que les gens s’inté­res­sent à ce que nous fai­sons.

Clap Noir : des pro­jets ?

Amina Weira : En ce moment j’ai un projet d’un docu­men­taire long métrage qui est en déve­lop­pe­ment. Il s’agit d’un film sur la migra­tion au niveau de la ville d’Agadez. A tra­vers ce film j’aime­rai mettre en exer­gue l’appli­ca­tion de la Loi contre le trafic des migrants. Mon film va parler de la muta­tion de la ville d’Agadez. Par rap­port à ce film, j’ai fait trois rési­den­ces d’écriture et der­niè­re­ment j’ai cher­ché un pro­duc­teur béni­nois. Nous avons reçu une aide au déve­lop­pe­ment avec une pla­te­forme nommée Génération Africa et là on essaye de finir un teaser que nous allons dépo­ser dans des com­mis­sions. Nous espé­rons que l’État nigé­rien va nous sou­te­nir à tra­vers un fond dédié au cinéma.

Abandé Moctar

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