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Namir, dont la mère a vu la Vierge en Egypte
Publié le : vendredi 31 août 2012
Lussas 2012

Il existe aussi à Lussas une ciné­ma­to­gra­phie qui se reven­di­que de l’auto-fic­tion sur des sujets, en appa­rence bien plus légers et, en appa­rence également, apo­li­ti­ques. C’est La vierge, les Coptes et moi, le réjouis­sant docu­men­taire de Namir Adbel Messeeh, dans lequel un jeune réa­li­sa­teur Français d’ori­gine égyptienne se rend en Egypte pour enquê­ter sur les appa­ri­tions de la vierge Marie.

Il sera donc ques­tion dans ce film de croyance et de reli­gion, de fossés cultu­rels qu’on enjambe d’une pirouette, et de famille. « Fais-nous plutôt un film sur la place Tarhir puis­que tu es en Egypte », iro­nise le pro­duc­teur, incarné dans le film par une voix-off assez comi­que. Namir Abdel Messeeh joue avec les sujets et ne cher­che pas à convain­cre. Il flirte avec la réa­lité, qu’il séduit d’abord par le biais inno­cent du docu­men­taire, avant de l’empoi­gner à bras le corps pour entrer plei­ne­ment dans la fic­tion, voire même quel­que chose qui s’appa­ren­te­rait pres­que à la per­for­mance col­lec­tive. Et là, le petit Namir de retour au pays devient un furieux Orson Welles en train de faire jouer aux gens du vil­lage de sa mère (folle de rage d’abord puis pro­duc­trice du film ensuite !) un film de fic­tion met­tant en scène une véri­ta­ble appa­ri­tion de la Vierge. Hilarant.

Liberté, sur­pri­ses du réel, jeu sur ce qu’est le cinéma : le film par­vient à explo­ser les fron­tiè­res de genre, l’humour tra­verse le film, per­met­tant de tout dire, tout mon­trer, comme cette magni­fi­que scène où Namir fait passer un cas­ting aux plus jolies jeunes filles du vil­lage pour incar­ner la vierge ! Cette Vierge, qui bien sûr, doit être blonde aux yeux bleus et avoir le regard noyé vers le ciel... On joue fine­ment sur les repré­sen­ta­tions, les incons­cients col­lec­tifs, chocs cultu­rels, fron­tiè­res reli­gieu­ses... On est dans l’essence même du cinéma, comme l’était Nanni Moretti, Woody Allen, comme le fut Bunuel. Le cinéma fait feu de tout bois. On décou­vre au pas­sage l’Egypte telle qu’elle est, les conflits poli­ti­ques et reli­gieux ont pris des peti­tes vacan­ces. Ça fait du bien, et évidemment, c’est bien plus pro­fond et péné­trant qu’on pour­rait le penser au pre­mier abord.

Caroline Pochon
Août 2012

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