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72/1 première !
Publié le : mercredi 18 janvier 2012
Sur le tournage de Cheick Fantamady Camara





Mercredi 11 jan­vier. L’équipe de Cheick Fantamady Camara avait rendez-vous cette semaine à Saint-Maur-des-Fossés pour le tour­nage des scènes fran­çai­ses du pro­chain long-métrage du cinéaste gui­néen.
Débuté à Dakar un an aupa­ra­vant, le réa­li­sa­teur a dû atten­dre de longs mois pour réunir les fonds néces­sai­res pour cette pro­duc­tion.

Peine récom­pen­sée par la mobi­li­sa­tion d’une équipe inter­na­tio­nale pilo­tée par la direc­trice de pro­duc­tion Annabel Thomas d’une ving­taine de per­son­nes, comé­diens et tech­ni­ciens venus de tous hori­zons ; cas­ting franco-malien-came­rou­nais maquillé par une équipe franco-gabo­naise, ingé­nieur du son malien assisté d’un pre­neur de son dji­bou­tien, le tout mis en image par l’équipe de Rémi Mazet, chef opé­ra­teur bien connu des cinéas­tes afri­cains.

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« Est-ce que tout le monde est prêt ? » demande le chef opé­ra­teur, « Je demande le silence… SILENCE ! » clame l’ingé­nieur du son, « Ça tourne » … « Cadré » dit Rémi, « Action » lance Cheick.

Les prises s’enchaî­nent dans un rythme sou­tenu, tout le monde attend le fameux « coupez » pour pré­pa­rer la pro­chaine scène du film. C’est le 8eme jour de tour­nage, la fati­gue se fait sentir.
« Un peu moins de monde sur le pla­teau, on se met en mode silence » chu­chote le 1er assis­tant réa­li­sa­teur « on laisse 2 minu­tes pour acces­soi­ri­ser »…
Il faut dire que ce jour-là, pas moins de 4 came­ra­men - dont une équipe d’Africa24 venue tour­née un repor­tage - sillon­naient le lieu de tour­nage, riche pro­priété en bord de Marne abri­tant une vaste maison cossue.

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A l’occa­sion de ce tour­nage, deux per­son­nes réa­li­sent le making-off dont une jeune cinéaste invi­tée par le réa­li­sa­teur, Binta Alpha, venue spé­cia­le­ment de Conakry pour appren­dre le métier. Compte tenu de l’absence d’école de cinéma en Guinée - Il existe un Institut des Arts pro­po­sant un volet audio­vi­suel - et devant la rareté des films, le tour­nage est le meilleur moment pour l’appren­tis­sage.
« Ce qui m’a moti­vée en fil­mant c’est sur­tout d’enre­gis­trer aussi l’orga­ni­sa­tion impec­ca­ble. Tout le monde est à sa place, on n’a pas besoin de courir par­tout pour tout faire. Quand je vois aussi la poten­tia­lité du maté­riel comme la Dolly [1] , ça m’a vrai­ment marqué. A Conakry, j’aurai l’impres­sion de reve­nir de l’école et en vision­nant les images, je vais m’auto former ! ».

« L’équipe est très pro­fes­sion­nelle » confie le réa­li­sa­teur, « c’est une des meilleu­res ambian­ces que j’ai eue à Paris car c’est une équipe assez dyna­mi­que et cohé­rente, ils sont tous enga­gés à fond. Les comé­diens sont pro­fes­sion­nels et cela a fait que nous sommes restés dans les temps. Je suis vrai­ment satis­fait. L’ambiance est super ! »

Ce film dra­ma­ti­que est centré sur l’his­toire d’une dan­seuse, pros­ti­tuée à Dakar, par­tant à la recher­che de sa fille qu’elle avait dû aban­don­ner à sa nais­sance à Bamako. « Ce scé­na­rio est parti d’une his­toire vraie qu’un ami m’avait raconté à Bamako. Je l’ai fic­tionné et d’écriture en écriture, j’ai rajouté des par­ties artis­ti­ques. C’est un vieux projet qui est né dans ma tête en 1998 » nous raconte le réa­li­sa­teur.

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Le rôle prin­ci­pal est tenu par la tou­chante Fatoumata Diawara, malienne, déjà actrice dans le der­nier film du réa­li­sa­teur gui­néen « Il va pleu­voir sur Conakry », comé­dienne au théâ­tre et de plus en plus en concert sur les scènes inter­na­tio­na­les. La fran­çaise d’ori­gine came­rou­naise Claire Simba endosse le second rôle ; « Quand j’ai vu pour la pre­mière fois Claire dans une série TV, je me suis dit que c’était elle. Je ne l’avais jamais vu jouer mais j’étais sûr de mon choix. Il faut dire aussi qu’elle a une petite res­sem­blance avec Fatoumata Diawara. Mais c’était très com­pli­qué de les ras­sem­bler toutes les deux étant donné que Claire avait démé­nagé à New-York et que Fatoumata était de plus en plus deman­dée à l’étranger. J’ai même failli faire un nou­veau cas­ting mais la direc­trice de pro­duc­tion a réussi à caler toutes les dates. »

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Il reste une 3eme partie à tour­ner au Sénégal. Le réa­li­sa­teur est lucide : « On espère finir le film avant le Fespaco qui est notre Cannes afri­cain, on ne baisse pas les bras. Mais est-ce qu’on pourra tout ras­sem­bler pour la post-pro­duc­tion ? L’essen­tiel est que le film se fasse, on sait très bien que ce n’est pas pour l’argent. »

Le cinéma afri­cain n’a pas de gros moyens mais il se fait en dépla­çant des mon­ta­gnes. Il y a tou­jours de l’imprévu, mais rien n’est insur­mon­ta­ble. Rémi Mazet témoi­gne : « Il y a moins d’argent, il y a un coté débrouille.... C’est un homme très humain, ça m’a touché de tra­vailler avec lui ».
Cheick Fantamady Camara est un homme sen­si­ble, tou­jours à l’écoute de son équipe. Si un film afri­cain est avant tout une aven­ture humaine on retrou­vera sûre­ment cette géné­ro­sité dans « Morbayassa », titre de son pro­chain film !

Benoît Tiprez

1- Petit cha­riot sur pneus qui permet de petits mou­ve­ments de grue à hau­teur d’homme

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