"Pour moi dans ce film, la voie de la sagesse est montrée par les jeunes" : Alex Ogou
A la suite de la projection du film de Cheick Fantamady Camara, il va pleuvoir sur Conakry, nous avons rencontré l’acteur principal, Alex Ogou.
Clap Noir : Avais-tu conscience que tu adressais un message à tous les jeunes qui regarderont ce film ?
Alex : Totalement. J’avais conscience que j’adressais un message mais pas seulement aux jeunes d’Afrique. Je pense que ce message s’adresse aussi à nos parents. C’est la parole des jeunes face à une certaine irresponsabilité de leurs parents. Pour moi dans ce film, la voie de la sagesse est montrée par les jeunes. Le rôle que je joue dans le film, celui de Bengali correspond à cela. Bengali est un jeune qui refuse de devenir Imam, pas parce qu’il est contre la religion, mais simplement parce qu’il ne veut pas qu’on lui dicte toujours ce qu’il doit faire de sa vie. Il est important que nos parents et nous-mêmes jeunes sachions qu’aujourd’hui, nous devons prendre en main notre vie mais tout en respectant nos aînées. Le personnage de Bibi le montre. En aucun moment il ne manquera de respect à son père même s’il va l’affronter idéologiquement.
Il faut donc tuer le père pour arriver à trouver sa voie ?
Après ce qui s’est passé dans le film, Bengali a de la rage. Il en veut à son père. Mais ce n’est pas pour autant qu’il va le tuer. Pour moi ce qui est important, ce n’est pas de tuer physiquement. Cela ne se fait pas. Il faut tuer le père idéologiquement. Malgré tout le mal que son père lui a fait, Bibi n’a pas le courage de tuer son père. Pour moi, c’est fort. C’est plus fort que de tuer physiquement.
Est-ce que l’on peut considérer que l’acte de tuer idéologiquement le père est une remise en cause des traditions ? Faut-il dans cette logique rejeter tout ce qui vient de la tradition ? Alors là pas du tout. Je crois que sans repère culturel, on ne peut rien réussir. Et cela est encore plus vrai en Afrique. Sans base, on ne peut pas avancer et la tradition est notre base. On ne peut pas la renier, mais pour moi, elle doit servir de socle, de guide pour avancer. Il nous faut en faire une lecture vraie, une lecture de notre temps et se reposer sur des principes de respect, de famille, de société pour construire un monde ou tous, jeunes et vieux seront épanouis. Le message de ce film est de dire que la tradition il ne faut pas la rejeter mais il ne faut pas qu’elle nous écrase.
Achille Kouawo et Souleymane Soudre.
Clap Noir
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