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Quand le cinéma va au désert
Publié le : samedi 9 juin 2007
Le public manifestait sa curiosité en nous posant des questions et ne manquait pas non plus de montrer leur sens de l’humour en nous racontant de petites histoires plus décapantes les unes que les autres. Par exemple, cet éleveur qui voulait faire soigner son enfant à crédit au Centre de Soin Intégré en attendant de vendre une chèvre pour rembourser l’infirmier et ne comprenait son refus à cette demande.


L’Afrique est un grand continent, le Niger un grand pays. Apporter l’information à toute la population n’est pas toujours chose aisée. Parfois, le cinéma peut aider à cela. Le cinéma numérique ambulant, CNA est aujourd’hui un acteur important dans le processus de développement au Niger. En effet, l’équipe du CNA se déplace de village en village pour diffuser des films et des documentaires traitant du développement et des problèmes sociaux.

Dans la lettre qui va suivre, le CNA fait le rap­port d’une tour­née dans la zone d’Agadez lors de la cure salée.

Grand ras­sem­ble­ment nomade, accom­pa­gné de mani­fes­ta­tions arti­sa­na­les qui a lieu chaque année à Ingall (à 160 km d’Agadez), la cure salée est la migra­tion esti­vale des hommes et des trou­peaux vers les régions riches en eaux miné­ra­li­sées, en terres natro­nées et en prai­ries par­ti­cu­liè­re­ment riches. La région pri­vi­lé­giée, qui accueille la majo­rité des trou­peaux, est la plaine d’Ingall, rever­die par les pluies. La Cure Salée est un grand ras­sem­ble­ment de pas­teurs Touareg et Peuls. C’est tout un peuple qui bouge, des famil­les, des cam­pe­ments, voire des tribus entiè­res qui se retrou­vent au point de rendez-vous annuel du monde nomade. La cure salée cons­ti­tue un cadre appro­prié de ren­contre entre auto­ri­tés admi­nis­tra­ti­ves et cou­tu­miè­res, ser­vi­ces tech­ni­ques, par­te­nai­res au déve­lop­pe­ment et éleveurs.

C’est dans ce cadre que le CNA a effec­tué sa mis­sion du 29 août au 16 sep­tem­bre.

La pro­jec­tion des films de sen­si­bi­li­sa­tion est suivie de débats que j’anime en langue hausa ou peuhl avec l’appui des ser­vi­ces tech­ni­ques (de la santé, de l’éducation, du déve­lop­pe­ment com­mu­nau­taire et du Développement Social) d’Abalak appe­lés équipes tech­ni­ques et aussi les agents de l’UNICEF Agadez au début et ensuite le chargé de com­mu­ni­ca­tion de l’UNICEF Niamey Monsieur Silé Mahamat.

Dans tous ces vil­la­ges nous avons ren­contré des dif­fi­cultés pour faire par­ti­ci­per tout le monde aux débats. Ce pro­blème est essen­tiel­le­ment dû à une divi­sion des cam­pe­ments en Clans. Cependant après ces pre­miè­res dif­fi­cultés vites sur­mon­tées, le public était très content et a fini par par­ti­ci­per plei­ne­ment aux dif­fé­rents débats et ce sur­tout en ce qui concerne les femmes et les enfants.

Il y a sur­tout à saluer l’accep­ta­bi­lité des scènes liées à la sexua­lité dans cer­tains films de fic­tion qui auraient pu cho­quer cer­tai­nes popu­la­tions du Sud. Le nombre de spec­ta­teurs s’était pro­gres­si­ve­ment aug­menté jusqu’à attein­dre 750 per­son­nes par séance, malgré la faible den­sité démo­gra­phi­que de cette région.

Le public mani­fes­tait sa curio­sité en nous posant des ques­tions et ne man­quait pas non plus de mon­trer leur sens de l’humour en nous racontant de peti­tes his­toi­res plus déca­pan­tes les unes que les autres. Par exem­ple, cet éleveur qui vou­lait faire soi­gner son enfant à crédit au Centre de Soin Intégré en atten­dant de vendre une chèvre pour rem­bour­ser l’infir­mier et ne com­pre­nait son refus à cette demande.

Au cours du débat sur l’enre­gis­tre­ment des nais­san­ces, le Conseiller Pédagogique a posé la ques­tion au public sur les métho­des qu’ils uti­li­sent pour iden­ti­fier leurs bétails. Ils ont sim­ple­ment répondu en disant qu’ils des signes sur les ani­maux. Prenant cet exem­ple, il a sug­géré de pro­cé­der de la même manière pour iden­ti­fier leurs enfants. La réac­tion à sus­cité beau­coup d’inté­rêt puisqu’ils ont com­pris que les enfants doi­vent être iden­ti­fié certes pas avec des signes mais avec un acte de nais­sance leur per­met­tant d’être ins­crit à l’école, avoir le permis de conduire ou la carte d’iden­tité, la natio­na­lité et plein d’autre acte d’état civile.

Notons que la pro­jec­tion du grand film de fic­tion reçoit un grand succès. Nous avons passé Bal Poussière, Guimba, Gito l’Ingrat et Tilaï. Bien que c’était une tour­née où nous pas­sons quatre fois par cam­pe­ment, les gens nous deman­daient tou­jours de reve­nir.

La tour­née a eu lieu dans les cam­pe­ments toua­regs mais aussi dans un cam­pe­ment peuhls qui étaient rat­ta­chés à Injigrane. Ce cam­pe­ment peuhl a béné­fi­cié de 2 séan­ces qui d’ailleurs ont fait plus de succès que les autres.

Les cam­pe­ments étant à 7 Kms (Tchimoumounène), 48 Kms (Mararaba) et 60 kilo­mè­tres (In’Jigrane) d’In’Gall sont acces­si­bles sans aucune dif­fi­culté. La dif­fi­culté s’était trouvé au niveau des soi­rées car la pre­mière semaine, une tem­pête de pous­sière nous empê­chait tous les jours de com­men­cer la pro­jec­tion à temps. Ce qui nous retar­dait jusqu’à 22 heures pour le début des séan­ces et une heure du matin pour les fins des pro­jec­tions.

Le site web du Cinéma Numérique Ambulant : www.c-n-a.org

Salamatou Alhassane
CNA Niger

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