Accueil du site > Archives > 2007 > Fespaco : illusion d’optique ?
Fespaco : illusion d’optique ?
Publié le : jeudi 8 février 2007






Dans quel­ques semai­nes, du 24 février au 03 mars, les ciné­phi­les afri­cains conver­ge­ront leurs regards vers Ouagadougou, capi­tale du cinéma afri­cain. En avant pre­mière de cette impor­tante mani­fes­ta­tion, une confé­rence de presse à été faite à Paris pour infor­mer et sus­ci­ter l’inté­rêt pour cette grande messe du cinéma afri­cain que se déroule une fois chaque deux ans.

Une équipe de clap noir a assisté à la confé­rence de presse. Deux arti­cles vous sont pro­po­sés. Un compte rendu de la confé­rence de presse et une inter­view de Baba Hama.

La lec­ture de ces « papiers » sus­cite en moi quel­ques réflexions.

Un. Le Fespaco est et reste un fes­ti­val. Pas plus. Baba Hama le rappel en disant « qu’il ne faut pas perdre de vue qu’un fes­ti­val est avant tout une occa­sion de mon­trer des films, et de per­met­tre à des dis­tri­bu­teurs de les pren­dre ensuite en charge, et de les remet­tre à des exploi­tants qui à leur tour vont les mon­trer en salle ». Le pro­blème à résou­dre ici est un pro­blème de pro­fes­sion­nel de la dis­tri­bu­tion. L’Afrique fran­co­phone dis­pose de très peu de société de dis­tri­bu­tion. Trouver du finan­ce­ment pour faire un film reste un chemin de croix, et le dis­tri­buer encore plus. Des ini­tia­ti­ves telles que le CIDC et Africa cinéma avaient des bons résul­tats, mais, aujourd’hui, nous ne pou­vons que cons­ta­ter que ces actions sont arrê­tées. Aujourd’hui, faute de dis­tri­bu­tion, com­bien sont-ils les ciné­phi­les afri­cains et euro­péens qui ont vision­nés les meilleurs films du Fespaco passé ? Très peu. Il faut que les pro­fes­sion­nels du cinéma afri­cain réflé­chis­sent et met­tent en place une indus­trie des ciné­mas d’Afrique. Baba H. le dit : « je crois que si l’on veut asseoir une réelle indus­trie, il faut que l’on tra­vaille pro­fes­sion­nel­le­ment. »

Deux. Les nou­vel­les tech­no­lo­gies ouvrent des pers­pec­ti­ves à la pro­duc­tion afri­caine. Il faut que le Fespaco en tien­nent comp­tent. Baba Hama le dit lui-même. « Nous avons reçu en sup­port de tour­nage vidéo près de 500 œuvres qui ont été sou­mi­ses à notre sélec­tion ». La liste de la com­pé­ti­tion offi­cielle fic­tion vidéo fait état de 17 films sélec­tion­nés. Pour les sit­coms et série vidéo, il y 7 pro­duc­tions sélec­tion­nés. La sec­tion pano­rama vidéo regroupe 30 pro­duc­tions. A ce rythme, la vidéo ne trou­vera pas la place qui est la sienne dans la pro­duc­tion ciné­ma­to­gra­phi­que afri­caine. La réa­lité est là : l’exem­ple nigé­rian et gha­néen montre que de vidéo peut sortir des pro­duits de qua­li­tés, sur­tout main­te­nant ou le finan­ce­ment est de plus en plus dif­fi­cile à trou­ver. Baba H. en a fait la remar­que : « On cons­tate quan­ti­ta­ti­ve­ment une légère baisse de la pro­duc­tion de longs métra­ges pour la zone Afrique Subsaharienne, mais avec l’avè­ne­ment des nou­vel­les tech­no­lo­gies et la pos­si­bi­lité de tour­ner en numé­ri­que, il y une nou­velle oppor­tu­nité donnée aux réa­li­sa­teurs afri­cains, et on cons­tate effec­ti­ve­ment un boom en ce qui concerne la pro­duc­tion vidéo­gra­phi­que ».

Trois. On n’arrête pas de le dire, il faut qu’une indus­trie du cinéma se mette en place en Afrique. Dans cette même logi­que, le Fespaco doit aller à l’école du pro­fes­sion­na­lisme. Qu’il est dif­fi­cile avant le fes­ti­val d’avoir des infor­ma­tions sur les éventuels pro­gram­ma­tions, sur les acti­vi­tés menées entre deux fes­ti­vals et sur la pro­mo­tion des films primés. En pre­nant le pro­gramme du pro­chain fes­ti­val, l’impres­sion qui en res­sort est que ce pro­gramme est iden­ti­que à celui du fes­ti­val passé qui est lui-même iden­ti­que au pré­cé­dent. Quelle inno­va­tion le Fespaco 2007 nous appor­tera ? Attendons de voir.

Achille Kouawo

Également…
1

Clap Noir
Association Clap Noir
18, rue de Vincennes
93100 Montreuil - France
Tél /fax : 01 48 51 53 75