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Les RIFIC questionnent l’identité cinématographique locale
Publié le : lundi 29 octobre 2012
Yaoundé : 8ème édition du 29 octobre au 03 novembre 2012

Les Rencontres Internationales du Film Court (RIFIC) met­tent l’accent sur la pro­fes­sion­na­li­sa­tion des créa­tions.




Les ciné­phi­les et autres fans du gla­mour se pré­pa­rent à fouler le tapis rouge, lundi soir 29 octo­bre à l’Institut fran­çais du Cameroun (Yaoundé). Cependant les RIFIC, Rencontres Internationales du Film Court (encore appe­lées Yaoundé-tout-court), fes­ti­val iti­né­rant créé en 2003 par l’Association Sud Plateau, font déjà parler d’elles. L’équipe d’orga­ni­sa­tion a lancé le 15 octo­bre der­nier la deuxième partie de l’ate­lier de for­ma­tion à la pro­duc­tion audio­vi­suelle et ciné­ma­to­gra­phi­que. L’ate­lier regroupe pen­dant 11 jours, six jeunes ayant un mini­mum de théo­rie ou de pra­ti­que sur le cinéma.

Gérard Désiré Nguele, pro­duc­teur cinéma et consul­tant anime l’ate­lier depuis la pre­mière phase qui a débuté l’année der­nière lors de la 7ème édition. Selon lui, le déve­lop­pe­ment du cinéma passe davan­tage par celui de la pro­duc­tion. Il estime par ailleurs que tous les métiers du cinéma doi­vent évoluer ensem­ble. "Notre envi­ron­ne­ment pêche beau­coup par les aspects de pro­duc­tion, parce qu’une œuvre ciné­ma­to­gra­phi­que ou audio­vi­suelle demande un mini­mum d’accom­pa­gne­ment par quelqu’un qui a du recul, donc un pro­duc­teur", argu­mente Gérard Nguele. Lequel pro­duc­teur devrait en consé­quence être suf­fi­sam­ment outillé et à même de mener effi­ca­ce­ment un projet vers son éclosion, en tenant compte des réa­li­tés envi­ron­ne­men­ta­les. Cette année, la for­ma­tion porte sur « la pro­duc­tion de court métrage, de l’idée à la dif­fu­sion ». L’ani­ma­teur tout comme les orga­ni­sa­teurs, a un souci de suivi après la for­ma­tion des par­ti­ci­pants. « Je m’adresse à eux comme de poten­tiels pro­duc­teurs, ça veut dire qu’après le fes­ti­val, s’il y a une demande à col­la­bo­rer dans notre maison de pro­duc­tion, je suis ouvert », ras­sure celui qui est par ailleurs direc­teur de Tropic films.

Dans ce même suivi après fes­ti­val, les pro­mo­teurs de Yaoundé-tout-court muris­sent des stra­té­gies visant à faire cir­cu­ler les œuvres pro­je­tées jusque-là pen­dant le fes­ti­val. Raison de plus de vou­loir mettre toutes les chan­ces de leur côté, en deve­nant exi­geant sur la pro­fes­sion­na­li­sa­tion des créa­tions. Car si cette année, seuls les films came­rou­nais sont en com­pé­ti­tion, ce ne sera pas tou­jours le cas pour ce fes­ti­val à voca­tion inter­na­tio­nale. Les orga­ni­sa­teurs disent satis­faire aux reven­di­ca­tions du public exas­péré, lors de la der­nière édition, de voir les films étrangers rafler pres­que tous les prix. « Nous le fai­sons cette année, mais ça ne sera pas tou­jours le cas. Justement nos cinéas­tes doi­vent com­pren­dre que c’est un fes­ti­val inter­na­tio­nal et qu’ils doi­vent beau­coup tra­vailler pour avoir des dis­tinc­tions », rap­pelle le délé­gué géné­ral du fes­ti­val, Frank Olivier Ndéma. Les dif­fé­rents films n’ont, par ailleurs, rien à voir avec le thème « Cinéma natio­nal et iden­tité cultu­relle » sous lequel les orga­ni­sa­teurs cal­quent cette 8ème édition. Le débat orga­nisé jeudi 1er novem­bre per­met­tra, on l’espère, d’en sortir édifié sur l’exis­tence ou non d’une iden­tité ciné­ma­to­gra­phi­que came­rou­naise.

Corruption et détour­ne­ment de fonds publics meu­blent les pro­duc­tions

C’est un pro­gramme de 47 films (fic­tions et docu­men­tai­res) que les RIFIC offrent aux ciné­phi­les de la capi­tale came­rou­naise. De là, sor­tira le Grand prix Yaoundé-tout-court. Le plus pres­ti­gieux parmi les neuf que va décer­ner le jury. La thé­ma­ti­que est le pâle reflet de l’atmo­sphère sociale et poli­tico économique qui pré­vaut au Cameroun. 75% des pro­duc­tions trai­tent donc de détour­ne­ment de deniers publics, de cor­rup­tion, d’abus d’auto­rité, etc…
L’évènement gran­dit et amé­nage pour la pre­mière fois un vil­lage du fes­ti­val. Le pro­mo­teur qui vise une fré­quen­ta­tion de 2000 per­son­nes cette année, veut capi­ta­li­ser avec des soi­rées où musi­que et pro­jec­tions ciné­ma­to­gra­phi­ques, agré­men­tées de bei­gnets-hari­cot, seront gra­cieu­se­ment pro­po­sés au public. Un point d’hon­neur étant mis sur les pre­miè­res pro­duc­tions de réa­li­sa­teurs came­rou­nais de renom. Entre-temps, les tra­di­tion­nels espa­ces de dif­fu­sion (le Goethe Institut, Institut fran­çais), accueillent les pro­jec­tions durant les cinq jours que va durer cette fête du cinéma court.
Le fes­ti­val qui se veut iti­né­rant, peine encore, jusque-là, à tenir ses pro­jec­tions dans les quar­tiers popu­lai­res de la ville. Cette fois, l’opé­ra­tion va per­met­tre de jouer les pro­lon­ga­tions. Avec le sou­tien du Cinéma Numérique Ambulant, les films sélec­tion­nés seront dif­fu­sés dans cer­tains quar­tiers après le fes­ti­val. Malgré la bonne volonté, cet aspect pèse beau­coup sur les épaules de cette équipe dyna­mi­que mais jeune. Cette der­nière qui peine d’ailleurs à réunir le budget qui avoi­sine les 30 mil­lions de FCFA (45000€). Heureusement se console le délé­gué géné­ral, nous avons le sou­tien de la presse, de quel­ques struc­tu­res étrangères et du minis­tère came­rou­nais des Arts et de la culture, bien qu’il tarde à réagir.

Pélagie Ng’onana
Octobre 2012

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