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Drissa Touré « Mes spectateurs connaissent déjà la misère. Ils n’ont pas besoin de regarder des films qui traitent de ces thèmes »
Publié le : mercredi 8 août 2007






Drissa Touré est cinéaste. Il a monté depuis 3 ans un cinéma dans une ville : Gaoua. Sans aucu­nes aides, il arrive à trans­met­tre sa pas­sion du cinéma au fin fond du Burkina Faso.

Pourquoi avez vous choisi cet endroit ?
C’est tel­le­ment beau et le décor est fabu­leux. J’ai écrit un scé­na­rio pour réa­li­ser un film dans ce lieu. En atten­dant de monter cette pro­duc­tion, pour sur­vi­vre, j’ai fais une salle de cinéma.

Quel genre de films pro­gram­mez vous ?
Des films afri­cains et des films hin­dous. Mais les gens n’aiment pas les films amé­ri­cains. J’ai aussi un contrat avec le CCF (Centre Culturel Français) pour pro­je­ter des films pour les jeunes.

Pourquoi la popu­la­tion n’aime pas le cinéma amé­ri­cain ?
Parce qu’ils disent que ce n’est pas vrai, ce n’est pas la réa­lité. Les vil­la­geois sont des gens vrais. Ils nous disent qu’ils veu­lent des films afri­cains qui sont plus authen­ti­ques. Ils voient aussi des films fran­çais, sur­tout des des­sins animés. Le cinéma jeune pour les lycéens les inté­resse.

Combien de séan­ces faites-vous ?
Quatre par semaine. Le mer­credi, je pro­jette des films pour les élèves. Les films hin­dous c’est pour le jeudi et les films afri­cains sont regar­dés ven­dredi et samedi. Ces films sont soit en 35 mm , soit en vidéo.

Financièrement, com­ment fonc­tion­nez vous ?
Il y a une billet­te­rie et beau­coup de public. Cela me permet d’ali­men­ter la caisse. Il faut savoir que c’est le seul cinéma pour 25 000 habi­tants. Hormis cela, je ne reçois de l’aide d’aucune struc­ture.

Quels sont vos pro­jets de déve­lop­pe­ment dans le domaine du cinéma ?
Mon projet est d’avoir un ciné­bus. Dans ma région, il existe des com­mu­nes rura­les et des com­mu­nes urbai­nes. J’ai envie de faire des dépla­ce­ments et d’aller dans les autres com­mu­nes pour mon­trer mon cinéma. J’ai sou­haite m’équiper en vidéo pro­jec­teurs. J’ai déjà le véhi­cule et je cher­che du maté­riel de sono­ri­sa­tion. Vous s’avez, ce qui est inté­res­sant dans les vil­la­ges, c’est qu’après le film, y’a le bal et on fait la fête ! Voilà, c’est ça une vraie soirée…

Quels sont selon vous les cri­tè­res d’un bon film ?
Ah, je ne sais pas. Depuis que j’ai cette salle de cinéma, mon regard à changé et je com­prends des choses à tra­vers le contact avec les spec­ta­teurs. Ce qui est impor­tant c’est de les faire rêver mais dans un contexte à eux. Mes spec­ta­teurs connais­sent déjà la misère, la dif­fi­culté. Ils n’ont pas besoin de regar­der des films qui trai­tent de ces thèmes. Il faut plutôt leur mon­trer des films qui prou­vent que, des dif­fi­cultés, on s’en sort tou­jours. Il est impor­tant de les faire rêver dans un contexte qui est le leur. Mais, il ne faut le faire avec le rêve de l’amé­ri­cain car pour eux, il est faux.

Propos recueillis par Marius et Candide.

Filmographie de Drissa Touré

- 1981 Le sort, court métrage.
- 1983 Je suis pro­duc­tif.
- 1984 Nasabule, court métrage, fic­tion.
- 1985 La fête pas­cale, court métrage.
- 1988 La bal­lade de la mouette, court métrage.
- 1990 Laada, long métrage, fic­tion.
- 1993 Haramuya, long métrage, fic­tion.

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